La mise au point du général commandant la Légion étrangère
Le 22 juillet dernier, un incendie avait ravagé plus de 1.000 hectares aux portes de Marseille. Ce feu aurait été causé par des tirs à balles traçantes, réalisés au cours d’un exercice dirigé par un adjudant du 1er Régiment Etranger, sur le camp militaire de Carpiagne.
Le sous-officier qui dirigeait la section de légionnaires avait été suspendu. L’enquête de commandement, ouverte à la demande du général Irastorza, le chef d’état-major de l’armée de Terre, avait établi que l’adjudant avait « utilisé des munitions traçeuses, vraisemblablement à l’origine de l’incendu, alors qu’il avait été informé des directives en interdisant l’usage ». Le rapport concernant cet incident évoquait une « faute professionnelle grave, conséquence d’un acte d’indiscipline flagrant ».
Le sous-officier sera donc sanctionné sur le plan militaire et il devra affronter la justice puisqu’il a été mis en examen pour « destruction involontaire par incendie de bois, forêts, landes, maquis ou plantations d’autrui (…)par violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence et de sécurité » de nature à « exposer autrui à un dommage corporel » et à « créer un dommage irréversible à l’environnement ».
Bien noté, revenant d’un séjour en Afghanistan, médaillé militaire et distingué pour un acte de courage et de dévouement pour avoir sauvé une personne lors d’un accident de la circulation, le cas de cet adjudant a suscité une vive émotion, qui s’est exprimée d’ailleurs sur ce blog. Certaines réactions d’élus ou de représentants de l’Etat, avaient été également très mal prises, les uns ayant parlé de « stupidité incroyable », les autres « d’imbécilité du geste ». Et sans oublier l’intervention de l’ADEFDROMIL qui, en publiant un communiqué, a cherché à « charger » l’adjudant responsable de l’exercice de tir.
Le général Bouquin, le nouveau commandant de la Légion étrangère (COM.LE), depuis le 1er juillet, est revenu sur cette affaire en publiant un article sur le site officiel des légionnaires. Et le moins qu’on le puisse dire est que cet officier ne manque pas de franchise.
Concernant les circonstances du départ de l’incendie, le général Bouquin parle d’une « connerie assez élémentaire, mais aux conséquences d’une extrême gravité, due pour l’essentiel au non respect d’une consigne ». Aussi, il n’est pas question d’impliquer la hiérarchie du sous-officier en cause car, comme l’explique le commandant de la Légion, « le niveau où la désobéissance a été commise est bien celui de l’adjudant Fontaine. Et notre code du légionnaire, comme nos traditions de discipline, exigent que ce soit ce niveau-là qui porte la responsabilité et qui soit sanctionné ».
Selon le général Bouquin, le sous-officier, qui « assume avec courage et dignité sa responsabilité », n’a pas d’ailleurs a impliqué plus haut placé que lui. Il sera certes sanctionné, « sans faiblesse » mais il n’est pas question non plus de lui tourner le dos. « Il mérite aussi de conserver notre estime et notre camaraderie : son attitude dans l’épreuve et dace à l’ampleur médiatique de sa faute est restée correcte; la nôtre restera correcte vis-à-vis de lui et nous lui apporterons le soutien auquel il a droit en tant que frère d’arme » écrit le commandant de la Légion étrangère. « Son passé de soldat, sa générosité, son charisme et ses états de service le justifient pleinement » ajoute-t-il.
Quant aux réactions des autorités locales, le général Bouquin parle « d’outrance » qui l’ont « blessé », mais si il dit comprendre, pour certaines d’entre elles, que la menace des flammes les aient faites « réagir avec vigueur ». « Certains vocables employés pour caractériser les faits, les hommes et les institutions n’avaient en tout état de cause pas lieu d’être » insiste-t-il.
Enfin, concernant l’attitude, « sans surprise » de l’ADEFDROMIL, le général Bouquin considère qu’il n’y a pas lieu de lui répondre car cette association, qui prétend défendre les droits des militaires, « n’est pas reconnue en tant qu’interlocuteur par le ministère ». Par ailleurs, le commandant de la Légion considère que « l’ADEFDROMIL se nourrit médiatiquement de nos réactions, ce qui a pour effet de faire durer les polémiques quand l’apaisement serait préférabele ».
Pour autant, le général Bouquin ne nie pas que la Légion étrangère « est impliquée depuis près d’un an » dans des « incidents graves », qui sont « de nature à fragiliser l’institution ». « Nous pouvons préférer croire à une suite malencontreuse de défaillances individuelles. Mais d’autres seront tentés d’y voir une faillite collective et de nous demander des comptes » écrit le général. Aussi, le commandant de la Légion demande à ses hommes de démontrer, si il en était encore besoin, qu’ils consitutient « une force combattant fiable sur laquelle notre pays sait pouvoir compter en opérations ».