La Chine met en garde contre la militarisation de l’espace

En janvier 2007, la Chine a détruit, avec un missile balistique de portée intermédiaire (IRBM – Intermediate Range Ballistic Missile) tiré depuis le sol, le satellite d’observation météorologique Feng Yun, jugé obsolète, alors qu’il était en orbite à 800 km de la Terre. Avant cet essai réussi, seuls les Etats-Unis et la Russie étaient en mesure de détruire un objet spatial.

L’acquisition de cette capacité n’est pas sans importance pour la Chine. D’une part, Pékin n’apprécie pas l’idée que des satellites espions américains puissent survoler son territoire. A l’automne 2006, l’un d’eux avait été aveuglé par un rayon laser puissant alors qu’il passait au-dessus de la Chine. Cet essai a donc été l’occasion d’envoyer un message à Washington.

D’autre part, la mise en place du bouclier antimissile américain, basé sur l’utilisation de satellites pour la détection des tirs d’engins balistiques et susceptible d’être déployé en Asie, décrédibilise la dissuasion chinoise.

Enfin, les militaires américains étant devenus dépendants des informations tactiques et des renseignements opérationnels obtenus par l’observation spatiale, ainsi que des communications par satellites. En procédant à la destruction d’un satellite en orbite, la Chine a ainsi affirmé qu’elle pouvait rendre aveugle, sourde et muette l’armée américaine. Cette capacité pourrait être fort utile, notamment dans le cas où les autorités chinoises décideraient de mettre au pas l’île de Taïwan, dont elles refusent l’indépendance.

Aussi, et alors que la Chine a cherché à mettre un point un système anti-satellite, la déclaration du ministre chinois des Affaires étrangères, Yang Jiechi, prononcée devant la Conférence du désermement des Nations unies qui se tient à Genève, pourrait passer pour hypocrite si elle ne visait pas d’abord le projet de bouclier antimissile américain, qui justement pourrait rendre moins pertinente la force de frappe chinoise.

« Notre espace est confronté à la menace grandissante de militarisation » a dit Yang Jiechi. « Les pays ne doivent pas développer des systèmes de défense antimissile qui pourraient miner la stratégie de sécurité globale ou encore déployer des armes dans l’espace » a-t-il poursuivi. « La recherche absolue de l’avantage stratégique doit être abandonnée » a-t-il également déclaré.

« Des mesures multilatérales crédibles et efficaces doivent être prises pour prévenir le développement des armes et la course à l’armement dans l’espace extra-atmosphérique » a encore affirmé le ministre chinois.

La militarisation de l’espace n’est pas une question nouvelle. Elle s’est posée dès la fin des années 1960. En effet, le Traité de l’espace, signé le 27 janvier 1967 par 98 pays, interdit l’usage d’armes de destruction massive dans l’espace extra-atmosphérique et oblige à « n’utiliser la Lune et autres corps célestes qu’à des fins pacifiques. »

Cependant, le texte autorise les activités militaires dans l’espace, pourvu qu’elles soient défensives. C’est grâce à ce flou juridique que les Etats-Unis développent le bouclier antimissile.

Ainsi, pour bien préciser les choses, les négociations dites Paros (Prévention d’une course aux armements dans l’espace) se tiennent à Genève depuis plusieurs années maintenant. Jusqu’à présent, les Européens, les Russes ainsi que les Chinois se sont heurtés au refus des Américains et des Israéliens de modifier le Traité de 1967, en faisant valoir qu’étant donné qu’il n’y a pas de course à l’armement dans l’espace, il n’est pas utile de le changer.

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