Confusion chez les taliban pakistanais

Pour les Etats-Unis, la mort de Baïtullah Mehsud, le chef des taliban pakistanais, annoncée le 7 août, serait « sûre à 90% » selon les éléments disponibles, a indiqué le général Jim Jones, le conseiller à la sécurité nationale du président américain, Barack Obama, au cours d’un entretien diffusé par la chaîne d’informations Fox News.

Ainsi, et selon toute vraisemblance, Baïtullah Mehsud a bel et bien été tué par une frappe aérienne réalisée par un drone américain, le 5 août dernier, alors qu’il se trouvait dans une maison située dans son fief du Sud-Waziristan, en compagnie de sa seconde épouse, de ses beaux parents et de quelques gardes du corps.

« Nous sommes pratiquement certains qu’il est mort » a affirmé le général Athar Abbas, le porte-parole de l’armée pakistanaise. « Le problème est que nous n’avons pas de preuve matérielle et que nous n’en aurons pas pas de sitôt en raison de l’éloignement de la région et de la diffculté du terrain » a-t-il encore estimé. L’annonce de la disparition du chef islamiste avait été faite par Kafayat Ullah, un des cadres de son mouvement, le Tehrek-e-Taliban, puis confirmée par d’autres responsables et au moins un militant d’une faction rivale.

Cela étant, la mort de Mehsud semble aiguiser les appétits et met à jour des rivalités qui, jusqu’à présent, ne s’étaient pas exprimées ou qui, du moins, avaient été étouffées. En effet, une fusillade aurait éclaté lors d’une choura, c’est à dire une réunion des dirigeants du Tehrek-e-Taliban, dont l’ordre du jour aurait été la désignation d’un nouveau chef. Le porte-parole du mouvement et un des commandants proche de Mehsud se seraient ainsi violemment affrontés. On ignore encore si les deux hommes se sont tués ou non au cours de cet échange.

Quoi qu’il en soit, le tour de force de Baïtullah Mehsud avait été de fédérer une quarantaine de mouvements radicaux au sein de Tehrek-e-Taliban, et donc autant de chefs, ce qui représente, selon les estimations, près de 50.000 militants et au moins 150 camps d’entraînement situés le long de la frontière afghano-pakistanaise, si l’on en croit les services de renseignements américains. Par conséquent, les chances de voir cette mouvance éclater sont donc réelles.

Est-ce pour maintenir une unité de façade, le temps de trouver un successeur, que d’autres responsables taliban ont nié la mort de Mehsud? En effet, au moins trois responsables du Tehrek-eTaliban ont affirmé, à l’Associated Press, samedi, que leur chef est toujours en vie. « Tout cela a été inventé par le gouvernement pakistanais et les Etats-Unis », a assuré l’un deux, Hakimullah Mehsud. L’ancien bras droit Baïtullah Mehsud, Noor Said, a quant à lui assuré qu’il apparaitraît prochainement sur une vidéo.

Par ailleurs, les positions rebelles, situées au Waziristan-Nord, ont été attaquées par des hélcoptères d’attaque de l’armée pakistanaise, ce 10 août. Ce raid fait suite à une embuscade tendues par une centaine d’insurgés aux forces gouvernementales dans les environs de Mir Ali, l’une des principales villes de cette zone tribale. De source policière, au moins cinq combattants islamistes ont été tués au cours de cet accrochage.

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