Attentat contre l’ambassade de France en Mauritanie

Ancienne colonie française indépendante depuis 1960, la Mauritanie n’échappe pas à l’activisme d’al Qaïda pour un Maghreb islamique (AQMI), l’ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) qui a fait allégeance en 2007 à l’organisation d’Oussama ben Laden. Le pays a une frontière commune avec l’Algérie, foyer de ce mouvement islamiste, et avec le Mali où ses militants sont actuellement traqués dans le nord par les forces gouvernementales.

D’une manière générale, et au cours de ces dernières années, l’AQMI a multiplié ses opérations dans les pays du Sahel, où ses combattants disposent de bases de repli, dont une a d’ailleurs été attaquée par les militaires maliens en juin dernier, après l’annonce du meurtre d’un otage britannique détenu par un des groupes appartenant à l’organisation islamiste, dirigée par Abdelmalek Droukdel, un ingénieur de formation et surtout, un ancien « combattant » d’Afghanistan.

Avant de devenir une « filiale régionale » d’al-Qaïda, l’ancien GSPC ne s’attaquait pas aux occidentaux comme il le fait maintenant. C’était ce réseau qui avait pris en otage une trentaine de touristes, dans le Sahara, en 2003. Mais le virage est pris dès 2005, avec l’acte d’allégeance de Droukdel au terroriste jordanien Abou Moussab Zarkaoui, le chef d’al Qaïda en Irak et rendu tristement célèbre par les films de ses décapitations d’otages, ensuite diffusés sur Internet à des fins de propagandes.

Quoi qu’il en soit, l’AQMI constitue une menace pour la sécurité régionale. En juillet dernier, le Mali, l’Algérie et la Libye ont annoncé leur volonté d’unir leurs efforts pour lutter contre le terrorisme islamiste, en mettant en commun leurs « moyens militaires » et « leurs renseignements ».

Elu le 18 juillet,  le président mauritanien, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, ne s’y trompe pas non plus. Lors de son discours d’investiture, prononcé le 5 août, il s’est dit déterminé à ne pas ménager sa peine contre al-Qaïda, car la Mauritanie n’est pas à l’abri du terrorisme.

La preuve en est avec le premier attentat suicide commis dans l’histoire du pays. Le 8 août, aux environ de 21 heures (heure française), un jeune homme de 22 ans, « formellement identifié comme un membre de la mouvance islamiste », s’est fait exploser aux abords de l’ambassade de France à Nouakchott, blessant légérement deux gendarmes mobiles français et une passante mauritanienne. Les deux militaires y avaient été affectés afin de renforcer la protection du bâtiment, qui fait actuellement l’objet de travaux de sécurisation.

Si cet acte de terrorisme n’a pas été revendiqué, les soupçons se portent sur l’AQMI, qui a déjà affirmé avoir les intérêts français dans son collimateur, entre autres raisons, pour le soutien accordé par Paris aux gouvernements locaux dans leur lutte antiterroriste. Et c’est sans oublier que la semaine dernière, le numéro deux d’al-Qaïda, l’égyptien Ayman al-Zawahiri, avait affirmé vouloir « faire payer la France ». Sans compter les soutiens accordés par Paris aux gouvernements qui mènent une lutte sans merci contre.

Ce n’est pas la premières fois que des ressortissants français sont visés en Mauritanie. En décembre 2007, quatre touristes avaient été assassinés près d’Aleg, par trois hommes présentés comme étant proches de l’AQMI.

Quoi qu’il en soit, le parquet antiterroriste de Paris a ouvert une enquête, qui a été confiée à la Direction centrale du renseignement intérieure (DCRI), qui regroupe désormais les services de la DST et des Renseignements généraux.

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