Secret défense sur les circonstances du décès de l’adjudant Polin

En mars 2008, une patrouille du 1er Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine (RPIMa) s’était égarée lors d’une mission de reconnaissance dans la région de Tissi, située entre le Tchad, la Centrafrique et le Soudan.

Le véhicule, à bord duquel se trouvaient deux militaires, avaient été pris sous le feu d’hommes armés, appartenant vraisemblablement à l’armée soudanaise. Au cours de cet accrochage, un adjudant avait été blessé et le sergent Polin fut tué, son corps ayant été retrouvé quelques jours plus tard par des nomades arabes, à quelques kilomètres du village d’Abou Jaradil, en territoire soudanais.

« Les deux militaires français en mission humanitaire (Eufor Tchad/RCA pour les populations déplacées du Darfour) n’avaient à aucun moment fait preuve d’hostilité ou d’agressivité » à l’égard des soldats soudanais, avait avancé, à l’époque, Hervé Morin, le ministre de la Défense. Le président de la République, Nicolas Sarkozy, avait fermement condamné cet incident, qui s’apparente à un assassinat.

Les circonstances du décès de l’adjudant Polin, promu à ce grade à titre posthume, font actuellement l’objet d’une enquête menée par le magistrat colonel Jacques Bailler, procureur du tribunal aux armées de Paris. Ce dernier a récemment envoyé une requête au ministre de la Défense pour que le secret défense concernant cette affaire soit levé. Le 28 mai, une demande dans ce sens a été faite à la Commission consultative du secret de la Défense nationale (CCSDN), qui a rendu son avis le 16 juillet dernier mais qui n’a été publié au Journal officiel que le 4 août.

Ainsi, et comme elle l’a fait pour les circonstances du bombardement par l’aviation ivoirienne du camp de Bouaké (9 militaires français tués ainsi qu’un civil américain), la CCSDN est défavorable à ce que les documents du ministère de la Défense soient déclassifiés, sans en donner, comme il est de mise, publiquement la raison.

Reste à voir si le ministre de la Défense suivra ou non l’avis de la Commission. Mais en règle générale, les recommandations de cette dernière sont toujours suivies par le pouvoir exécutif.

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