Le premier sous-marin nucléaire indien a été inauguré

L’Inde est désormais sur le point de devenir le sixième pays à être capable de concevoir leurs propres sous-marins à propulsion nucléaire. En effet, le Premier ministre indien, Manmohan Singh, et son épouse ont inauguré, le 26 juillet dernier, l’INS Arihant (destructeur d’ennemis) à Visakhpatnam, une ville portuaire située dans l’Etat d’Andra Pradesh.

Mis sur cale en 1998, l’INS Arihant est un sous-marin nucléaire de 110 mètres de long, pouvant atteindre la vitesse de 44 km/h en plongée. Son aspect semble inspiré par le submersible russe de classe Charlie. D’un déplacement en surface de 6.000 tonnes, il est propulsé par un réacteur nucléaire de 100 MW développé par le Centre de recherche atomique de Kalpakkam.

Par ailleurs, et selon la presse indienne, l’INS Arihant pourra emporter une douzaine de missiles balistiques nucléaires K-15, d’une portée de 700 km. Il n’est pas évident de maîtriser la capacité permettant de tirer de tels engins – qui pèsent plusieurs tonnes – à partir d’un sous-marin. Au moment du tir, il faut en effet compenser la perte de masse qui en résulte en rééquilibrant le bâtiment. Et c’est sans compter sur le problème de l’allumage du missile, qui se fait après sa sortie du silo, donc, pendant qu’il est encore sous l’eau.

La tir réussi, à partir d’une plate-forme sous-marine, d’un missile K-15, en février 2008, montre à l’évidence que l’Inde a su s’affranchir de ces difficultés. Seuls les Etats-Unis, la France et la Russie maîtrisaient cette technologie. Le Royaume-Uni, qui disposent de sous-marins lanceurs d’engins (SNLE) pour assurer sa dissuasion nucléaire, utilise un système américain. Quant à la Chine, il semblerait que le dispositif qui équipe le submersible 406 Changzheng, conçu à partir d’un classe Delta III russe, n’aient pas atteint le niveau de fiabilité requis pour être pleinement opérationnel.

Avec l’INS Arihant, l’Inde pourrait compter aussi sur l’arrivée prochaine de l’INS Chakra, un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) de la classe Akula II, loué aux Russes pour 65 millions de dollars par an et pendant dix ans. Pour l’instant, ce navire, plus connu sous le nom de Nerpa après l’incident survenu à son bord en novembre dernier (3 marins et 17 ouvriers tués), est en phase d’essais.

Cette montée en puissance de la force sous-marine indienne a un objectif dissuasif, l’Inde ayant une doctrine de « non utilisation en premier ». Mais il s’agit aussi pour New Delhi de s’affirmer sur la scène internationale et de mener ainsi une politique de puissance. « Il nous incombe de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger notre pays et rester dans la course au progrès technologique dans le monde » a ainsi déclaré le Premier ministre Singh, lors de l’inauguration de l’INS Arihant.

Bien évidemment, le Pakistan, avec lequel l’Inde a un différend territorial avec le Cachemire, ne voit pas le développement des capacités nucléaires indiennes d’un très bon oeil. « Sans entrer dans une course à l’armement avec l’Inde, le Pakistan prendra toutes les mesures appropriées pour sauvegarder sa sécurité et maintenir un équilibre stratégique en Asie du Sud » a ainsi affirme, ce 28 juillet, le ministre pakistanais des Affaires étrangères.

Cela étant, pour faire contrepoids à la Chine, l’affirmation de l’Inde en tant que grande puissance est perçu favorablement du côté de Washington, qui ne ménage d’ailleurs pas ses efforts pour se rapprocher de New Delhi, tout en lorgnant sur le marché de l’armement indien, le budget militaire du pays ayant bondi de 25% pour le prochain exercice.

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