Les raisons du coup d’Etat militaire au Honduras

Le droit de vote est obligatoire au Honduras, pour tous les citoyens âgés de plus de 18 ans et le président y exerce un mandat de 4 ans. Enfin, si il n’est pas destitué par un coup de force militaire, comme cela a été le cas pour Manuel Zelaya, élu à la tête du pays le 27 novembre 2005,  et arrêté puis explusé vers le Costa Rica par l’armée.

La situation économique du Honduras est loin d’être florissante. Avec un secteur agricole qui représente 22% de son PIB, l’ONU estime que 77,3% des Honduriens vivent dans la pauvreté. En revanche, sa position géographique a fait de ce pays une plate-forme idéale pour les Etats-Unis pour les opérations menées en Amérique du Sud. C’est en effet à partir du Honduras que la CIA a oeuvré pour le renversement du gouvernement Arbenz au Guatemala en 1954 et qu’elle a préparé l’invasion de Cuba en 1961. Dans les années 1980, le Honduras a servi de base arrières aux Américains pour lutter contre les guérillas marxistes sur le continent.

Seulement, Manuel Zelaya s’est rapproché du président vénézuélien Hugo Chavez à partir de 2008, alors même qu’il avait été élu trois ans plus tôt grâce à un programme de droite. Ce propriétaire terrien à l’origine a même rejoint le mouvement très antiaméricain « Alternative bolivarienne » (Alba), créé par le maître de Caracas et qui regroupe le Nicaragua sandiniste de Daniel Ortega et les frères Castro au pouvoir à Cuba.

Bien évidemment, ce revirement n’a pas été du goût du Parti libéral, le mouvement politique qui l’a porté à la présidence du pays. Du coup, Zelayas est devenu ultraminoritaire au Parlement, ce qui a de quoi freiner ses projets. En effet, inspiré par l’exemple de Hugo Chavez, Manuel Zelaya voulait modifier la Constitution du Honduras par voie de référendum afin de lui permettre de se représenter une nouvelle fois au terme de son mandat, c’est à dire en 2009. Sauf que cette initiative est inconstitutionnelle car que tout changement de la Loi fondamentale doit obligatoirement être validé par les parlementaires.

Malgré cela, Manuel Zelaya a voulu passer en force en obligeant les militaires à organiser la consultation. Ce que l’armée a fait plus que refusé puisqu’elle l’a destitué de ses fonctions présidentielles. La crainte des élites honduriennes étaient que Zelaya poursuive son rapprochement avec Hugo Chavez. Ce que d’ailleurs ce dernier a confirmé en lançant un « nous sommes des soldats aux ordres du Honduras » peu avant le pronuciamiento.

Mais cette destitution du président Zelaya a été condamnée par la communauté internationale, à commencer par l’allié de toujours, à savoir les Etats-Unis. Les relations militaires ont été même suspendues entre les deux pays, le « temps d’étudier la situation », selon Bryan Whitman, un porte-parole du Pentagone. Actuellement, des militaires américains sont affectés sur la base hondurienne de Soto Cano, à 80 kilomètres de Tegucigalpa, la capitale du pays.

La raison est la position affichée par Barack Obama. En effet, selon lui, Zelaya est « toujours président du Honduras » et le coup d’Etat « n’est pas légal ». Mais dans le même temps, Washington a déconseillé au président déchu de rester aux Etats-Unis, où il a fait un court séjour avant de tenter de revenir au Honduras.

Quoi qu’il en soit, cette situation politique est source de tensions. L’Organisation des Etats américains (OEA) a menacé, le 1er juillet dernier, un ultimatum au Honduras, le sommant de rétablir Manuel Zelayas dans ses fonctions sous peine d’exclusion. Et selon le président intérimaire du pays, Roberto Micheletti, le Nicaragua aurait massé des troupes à la frontière, ce qu’a toutefois démenti Managua.

Finalement, l’issue de cette crise pourrait être dans les mains du président du Costa Rica, Oscar Arias, lauréat d’un prix Nobel de la paix dans les années 1980. Ce dernier a en effet proposé une médiation, que le gouvernement intérimaire du Honduras a accepté le 7 juillet.

Photo : Des instructeurs américains de la Task Force Bravo, basée à Soto Cano, avec des militaires honduriens

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