Le Normandie-Niémen mis en sommeil
Le Normandie-Niémen est l’une des unités les plus prestigieuses de l’armée de l’Air. Créé en 1942 par le général de Gaulle en exil à Londres, le groupe de chasse Normandie est constitué en Syrie, sous les ordres du commandant Joseph Pouliquen.
Après quelques vols d’entraînement sur Dewoitine 520 à la fin du mois d’octobre, les aviateurs du Normandie partent en Union Soviétique. C’est en effet sur le front de l’Est que cette unité va s’illustrer de la plus belle des manières au point que Staline lui adjoindra le nom de Niémen en signe de reconnaissance pour les exploits que ses pilotes ont accompli face à l’aviation allemande, notamment sous les ordres du commandant Pouyade (dit Pepito), qui avait succédé au commandant Thulasne, tué en combat aérien.
Seule unité de l’armée de l’Air a avoir l’appellation de « régiment », en raison justement de son séjour soviétique, le Normandie-Niémen aura livré, à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale, 869 combats, totalisé 4.354 heures de vols et remporté 273 victoires homologuées et 37 victoires probables.
Après avoir été doté d’avions soviétiques (les fameux « Yak »), le Normandie-Niémen sera équipé de Mosquito au moment de son transfert au Maroc, en 1947. Le régiment participe aux opérations en Indochine, avec des P63 Kingcobra et des Hellcat américains. Revenu d’Asie, le Neu-Neu rejoint la base d’Oran « La Senia », en Algérie, et vole pendant un temps sur des P47 Thunderbolt, puis des avions à réaction Mistral, qui n’est en fait que la version française du Vampire britannique.
Dans les années 1960, le régiment quitte l’Afrique du Nord pour Reims, après un passage à Orange. En 1973, il abandonne ses Vautour II N pour une nouvelle monture : le Mirage F1. Il est alors affecté à la défense aérienne au sein de la 30e escadre de chasse. Dans le cadre de restructurations de 1993, le Normandie-Niémen quitte le ciel de Champagne pour Colmar, où il rejoint une autre unité prestigieuse de l’armée de l’Air, à savoir l’escadron de chasse « Alsace », celui où Pierre Clostermann, Christian Martell et René Mouchotte ont servi durant l’épopée des Forces aériennes françaises libres. Par la même occasion, il troque ses Mirage F1 C pour des Mirage F1 CT.
Mais ces appareils n’étant pas éternels, le Normandie-Niémen et l’Alsace fusionnent en 2008, afin de maintenir en ligne une flotte convenable de Mirage F1 CT. Les traditions du second étant mises en sommeil. Puis, le 3 juillet 2009, alors que l’armée de l’Air fête ses 75 ans d’existence, le régiment est à son tour appelé à être cloué au sol pour une période indeterminée. Du moins jusqu’au moment où il pourra de nouveau être déclaré opérationnel sur Rafale, le dernier fleuron de l’aviation française.
Conformément à la réforme de la carte militaire annoncée en juillet 2008, la base aérienne 132 de Colmar-Meyenheim doit fermer ses portes en 2010. Pour le moment, sur les 1.500 personnels civils et militaires qui travaillaient sur ce site, seulement 500 sont restés pour démanteler les installations de l’armée de l’Air, afin de préparer la venue du Régiment de Marche du Tchad, qui doit quitter Noyon, sa ville de garnison actuelle, pour l’Alsace.