Offensive islamiste sur Mogadiscio
Depuis le début du mois de mai, les milices islamistes shebab alliées aux combattants du Hezb al-Islamiya de Cheikh Aweys, ont lancé une vaste offensive afin de renverser Sharif Ahmed, un ancien membre des Tribunaux islamiques, élu il y a quelques mois président de la Somalie par le Parlement en exil. La contre-offensive des forces loyalistes, menée à partir du 22 mai, a été marquée par de cuisants revers et n’a ainsi pas permis de reprendre le controle de la situation
En juin, le président Sharif Ahmed a proclamé l’état d’urgence dans le pays et a demandé l’assistance des pays voisins devant l’avancée des insurgés islamistes, qui seraient soutenus matériellement et financièrement par l’Erythrée, dans le but de gêner son ennemie éthiopien. En urgence, les Etats-Unis ont fourni des armes et des munitions aux troupes loyalistes afin de « soutenir les efforts du gouvernement de transition pour repousser les attaques des forces extrémistes, destinées à détruire le processus de paix de Djibouti et faire échouer les efforts de paix et de stabilité en Somalie par la réconciliation nationale ».
Seulement, les islamistes ont continué leur progression, les zones contrôlées par le gouvernement de transition se réduisant comme une peau de chagrin. Alors que le Parlement somalien a adopté la charia en avril dernier, les radicaux ont durci leur discours en expliquant que les institutions dévoyaient la loi coranique. Ainsi, les combattants des shebab et du Hezb al-Islamiya appliquent strictement la charia dans les zones qu’ils tiennent, ce qui signifie que les lapidations et amputations sont les peines prononcées à l’égard de ceux qui ne se plieraient pas aux exigences coraniques.
Après plusieurs semaines de combat, l’autorité du gouvernement de transition est reconnue seulement que dans quelques régions du pays et dans des quartiers stratégiques de la capitale, Mogadiscio, protégés par les soldats de la force de paix de l’Union africaine (Amisom). Mais depuis le 1er juillet, les combats font rage entre les forces loyalistes et les insurgés islamistes, liés par ailleurs à al-Qaïda.
Ainsi, au deuxième jour de l’offensive islamiste, un reponsable des services de secours a confié à l’agence de presse Reuters avoir « transporté vingt morts et 55 blessés lors des derniers combats ». Le 4 juillet, le nombre des victimes s’est élevé à 70 tués.
Quant à l’Amison, forte de 4.300 hommes originaires essentiellement du Burundi et de l’Ouganda, elle ne peut pas faire grand chose, si ce n’est continuer à protéger le palais présidentiel, l’aéroport et le port de Mogadiscio. Son état-major a toutefois lancé un avertissement aux islamistes, les sommant de se replier sous peine de ripostes. « Il y a une limite. Lorsque les insurgés franchiront cette ligne, nous interviendrons immédiatement » a déclaré le général Francis Okello, le commandant de l’Amisom. « Cela figure dans notre mandat, et nous les surveillons de près », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, il a été question d’un renforcement de l’Amisom lors d’une réunion des dirigeants de l’Union africaine, le 2 juillet dernier, en Libye. Initialement, cette force devait avoir un effectif de 8.000 soldats, alors qu’elle n’en compte à peine plus de la moitié. Plusieurs pays ont indiqué pourvoir envoyer davantage de militaires, comme le Burundi et l’Ouganda, mais aussi le Malawi et le Burkina Faso. Mais à moins d’un retournement soudain, il se pourrait qu’il soit trop tard pour empêcher l’avancée des islamistes.