Le mollah Omar change de stratégie

Une des conséquences de l’intervention américaine en Afghanistan en octobre 2001 a été l’éclatement du mouvement taleb en plusieurs factions affiliées tout en étant indépendantes.

Ainsi, le chef suprême et spirituel des taliban, le mollah Omar, qui se trouverait dans la ville pakistanaise de Quetta, a perdu le contrôle opérationnel de ses troupes, l’initiative des attaques contre les troupes étrangères déployées dans le pays étant laissée aux commandants locaux.

Mais depuis le début de l’année, le mollah Omar a décidé de reprendre les choses en main. Selon le Wall Street Journal, une série de décisions a été prise lors d’une « choura », c’est à dire une assemblée de chefs tribaux, organisée à Quetta. Désormais, la planification des attaques contre les forces de l’Otan, celles l’opération Enduring Freedom et les autorités afghanes revient au chef suprême des taliban. De même que la nomination des commandants locaux. Et pour imposer ses vues, le mollah Omar dispose d’un atout non négligeable : les finances, qui sont relativement importantes dans la mesure où elles sont alimentées par de riches donateurs du golfe Persique.

Pour imposer ses vues, le mollah Omar se repose sur deux lieutenants : le mollah Berader, qui a échappé à plusieurs reprises aux forces américaines, et le mollah Zakir, de son vrai nom Gulam Rasoul Abdullah, qui dirige les opérations militaires dans l’est et le sud de l’Afghanistan. Le cas de ce dernier est particulier. Fait prisonnier en 2001, il a été transféré à la prison de Guantanamo avant d’être remis, en 2007, aux autorités afghanes, qui l’ont remis en liberté « pour des raisons obscures » écrit le Wall Street Journal.

Cette reprise du contrôle du mouvement taleb, qui « présage un passage à une phase sanglante dans le pays » estime le quotidien, a déjà eu des effets meurtriers. D’ailleurs, l’annonce de l’envoi de renforts américains en Afghanistan, conjuguée à l’offensive de l’armée pakistanaise contre les taliban de la vallée de Swat a fait réagir le mollah Omar et ses lieutenants. « A partir du 30 avril, nous allons donc lancer l’opération Nasrat (Victoire), qui se composera d’embuscades, d’attaques et d’attentats » a averti le mollah Berader. Et le fait est que les violences ont atteint un niveau record lors au cours des premiers jours du mois juin 2009.

Toujours selon le Wall Street Journal, qui s’appuie sur les déclarations de responsables américains, le mollah Omar aurait désigné une douzaine de cibles à frapper, notamment dans la capitale provinciale de Khost et ordonné l’assassinat de l’un des frères du président afghan, Ahmed Wali Karzaï, qui a survécu à un attentat commis le 18 mai dernier.

Cependant, le mollah Omar n’a pas repris l’ascendant sur tous les groupes d’insurgés. Le réseau de Jalaluddin Haqqani, même si il a fait une promesse de loyauté à son égard, reste indépendant de ses actions. Tout comme le Hezb-e-Islami de Gubbuldin Hekmatyar, qui avait revendiqué l’embuscade de la vallée d’Uzbeen où 10 militaires français avaient perdu la vie.

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