Désaccord européen au sujet de l’A400M

Le programme d’avion de transport européen A400M fait l’objet d’un moratoire de 3 mois afin de renégocier les termes du contrat de 20 milliards d’euros conclu entre EADS et les sept pays partenaires en 2003. Comme on le sait, le projet souffre de retards et le premier prototype de l’appareil n’a pas encore réalisé son premier vol d’essai.

Or, la période de remise à plat du programme entre le constructeur européen et les clients de l’avion se termine à la fin du mois de juin. Mais EADS aurait souhaité un allongement de 6 mois de ce moratoire. Ce que Paris et Berlin étaient prêts à accorder.

Seulement, les ministres de la Défense des pays clients de l’A400M, réunis le 22 juin à Séville pour aborder la question, ne sont pas mis d’accord sur le délai supplémentaire à donner à EADS. La faute à la Grande-Bretagne, qui a déjà ouvertement évoqué l’hypothèse d’abandonner le programme. Pour le représentant britannique, c’est l’aspect financier qui pose problème.

Finalement, le moratoire ne sera prolongé que d’un mois seulement. « Les Britanniques ont besoin d’en savoir plus sur les flux financiers annuels dont ils pourront disposer » face aux surcoûts et « cette discussion-là n’ayant pas abouti avec EADS, il valait mieux éviter le blocage complet » a déclaré Herve Morin, le ministre français de la Défense, qui a proposé « un mois supplémentaire », afin d’avoir « les éléments qui nous permettrons de pouvoir, espérons-le, engager la phase de renégociation du contrat permettant la poursuite du programme ».

« Nous avons besoin de faire beaucoup de progrès avec l’industriel pour sauver le projet » a indiqué Quentin Davies, le secrétaire d’Etat britannique à l’Armement, qui parle également de « négociations difficiles ». En cas d’échec à trouver un terrain d’entente, que se passerait-il si jamais la Grande Bretagne décide d’annuler sa commande de 25 appareils (sur 180) et de se retirer du programme?

« Si la Grande-Bretagne devait prendre cette décision, cela aurait un impact mais cela ne mettrait pas ce programme en danger » a déclaré Thomas Enders, le président d’Airbus, filiale d’EADS, dans l’édition du 22 juin du quotidien économique espagnol El Economista. « Nous avons besoin de l’expérience et des connaissances de l’industrie britannique et il semble peu probable qu’elle ne prenne pas part à un projet si ambitieux, à la fois pour elle et pour le reste de l’Europe » a-t-il toutefois reconnu.

Par ailleurs, selon le directeur général d’EADS, Louis Gallois, le programme de ce futur avion de transport militaire ne sera pas rentable avec les 180 commandes enregistrées à l’heure actuelle. « Une chose est claire, nous ne ferons de l’argent avec l’A400M que grâce aux exportations » a-t-il ainsi déclaré le 17 juin au journal allemand Die Welt.

Normalement, et si tout se passe bien, notamment du côté du développement du logiciel censé faire fonctionner les moteurs de l’appareil, le premier vol de l’A400M est prévu avant la fin de l’année.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]