L’armée pakistanaise étend son offensive vers le Waziristan
Après plus d’un mois de combats, les forces pakistanaises a finalement repris le contrôle de Mingora et chassé les taliban locaux de la vallée de Swat et de ses environs, dans le nord ouest du pays.
Selon un bilan donné le 3 juin par les autorités militaires pakistanaises, 1.230 activistes auraient été tués au cours de l’offensive déclenchée après l’incursion des islamistes radicaux dans un secteur situé à une centaine de kilomètres seulement de la capitale, Islamabad. Quant aux pertes de l’armée pakistanaise, elles sont évaluées à moins de 90 morts.
Cependant, le général Athar Abbas, le porte-parole de l’armée, a estimé, le 3 juin dernier, « qu’il faudra peut-être encore deux mois avant de pouvoir dire que la zone est complétement sécurisée ». Un autre responsable, le général Ijaz Awan, a estimé que la victoire serait totale une fois seulement que les dirigeants du mouvement taleb Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) seront éliminés. « Leur mort est indispensable pour détruire le mythe qui les entoure » a-t-il ainsi déclaré. Seulement, il semble bien que ces responsables aient réussi à s’échapper de la zone des combats.
Toujours est-il que cette victoire n’a pas dissuadé les taliban à poursuivre leurs actions, notamment terroristes. En moins d’un mois, 10 attentats sanglants ont été commis. Le 5 juin, 38 personnes ont été tuées dans la mosquée du village de Haya Gai, non loin de la vallée de Swat, dans un attentat commis par un kamikaze. En réaction, près de 400 hommes des environs de cette localité ont formé une milice pour chasser les taliban. Selon les autorités, qui encouragent la mise sur pied de milices civiles, appelées Lashkars, au moins 11 islamistes ont été tués.
Quatre jours plus tard, l’explosion d’un camion piégé devant l’hôtel Pearl Continental, à Peshawar, a fait neuf victimes. Ce 12 juin, une autre mosquée a été visée à Nowshera par une attaque qui aurait fait, selon un bilan provisoire, 4 tués et 90 blessés. Enfin, Sarfraz Naeemi, un dignitaire religieux qui avait condamné les attentats commis par les taliban et les activistes d’al-Qaïda, a été assassiné à Lahore.
Depuis deux ans et l’appel lancé par Ben Laden et les taliban pour mener une guerre sainte contre les autorités pakistanaises pour leur soutien à la « guerre contre le terrorisme », ce sont plus de 2.000 personnes qui ont été tuées dans des attentats.
Cela étant, et après le succès enregistré dans la vallée de Swat, l’armée pakistanaise a étendu son offensive vers les zones tribales, et notamment vers le Waziristan. Ces régions autonomes sont, jusqu’à présent, des sanctuaires pour les activistes d’al-Qaïda et les taliban. C’est à partir de ces secteurs qu’ils préparent leurs actions en Afghanistan ou encore qu’ils font subir à leurs recrues un entraînement paramilitaire.
Cela fait des mois que les Occidentaux demandent à Islamabad d’entreprendre de nettoyer ces secteurs. Et il semblerait donc que les autorités pakistanaises soient prêtes à s’y résoudre.
Ainsi, le 10 juin, les forces pakistanaises se sont ainsi tournées vers le district de Bannu, qui est la porte d’entrée au Waziristan, à environ 150 km au sud-ouest de Peshawar et où environ 800 combattants islamistes seraient présents. Selon les autorités pakistanaises, une centaine d’entre eux ont été tués lors des combats, qui ont impliqué des hélicoptères de combat et des tirs d’artillerie.
Le même jour, toujours dans la région de Peshawar, l’armée pakistanaise a attaqué un camp de taliban situé dans la zone tribale d’Orakzai, où les islamistes se sont inflitrés depuis quelques mois.