Pyongyang menace Séoul

Le 31 mai 2003, à Cracovie, les Etats-Unis proposèrent l’Initiative de Sécurité contre la Prolifération (Proliferation Security Initiative, PSI) afin de lutter contre la proliferation d’armes de destruction massive en surveillant initialement le transport maritime. En septembre 2008, 91 pays adhéraient aux principes posés par la PSI. Et désormais, il faudra compter la Corée du Sud, qui, jusque là, s’était abstenue de toute participation à ce programme pour ne pas froisser son voisin du nord.

L’annonce de l’adhésion de Séoul à l’Initiative de Sécurité contre la Prolifération, n’a pas eu l’heur de plaire à Pyongyang qui a immédiatement réagi en dénonçant l’armistice qui avait mis un terme à la guerre de Corée en 1953 et en déclarant ne plus garantir la sécurité du trafic maritime sur la côte ouest de la péninsule.

« Tout acte hostile, notamment le fait de stopper ou de perquisitionner nos navires (…) donnera lieu à une réponse militaire forte et immédiate » a menacé le ministère nord-coréen de la Défense, par voie de communiqué. « Notre armée n’est plus liée par l’accord d’armistice étant donné que les Etats-Unis ont fait entrer les pantins (ndlr : la Corée du Sud) au sein du PSI » a-t-il ajouté.

De son côté, le président sud-coréen, Lee Myung-bak, a lancé un appel au « calme » face à cette nouvelle menace de son voisin, tout en plaçant les forces armées en état d’alerte maximale. Quant aux Etats-Unis, la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, a assuré qu’ils respecteraient leur engagement à défendre la Corée du Sud. Ce qui, en cas de conflit, risquerait fort de compliquer la tâche du Pentagone, déjà aux prises avec deux interventions militaires majeures en Afghanistan et en Irak.

Cependant, près de 28.000 soldats américains sont prêts à soutenir les 670.000 militaires sud-coréens et 12 chasseurs F-22 (ceux-là même qui ont été récemment décriés par Robert Gates, le secrétaire d’Etat à la Défense) devraient rallier la base d’Okinawa, au Japon. Mais, semble-t-il, ce déploiement était prévu avant les menaces de Pyongyang.

Au vu de la nouvelle donne, la perspective d’une nouvelle guerre dans la péninsule coréenne n’est pas à écarter et nul ne connaît les conséquences possibles d’un éventuel accrochage entre les deux pays dans la zone de la Ligne maritime Nord, qui est un prolongement en mer de la ligne de démarcation, entre les îles sud-coréennes d’Ongjin et les côtes nord-coréennes, comme il y en a eu 1999 et 2002.

Depuis le 25 mai, la Corée du Nord multiplie les provocations, avec notamment un essai nucléaire souterrain, mené en violation des résolutions des Nations unies, ce qui pourrait lui valoir de nouvelles sanctions internationales si un consensus au sein du Conseil de sécurité est trouvé, ce qui pour l’instant n’est pas encore le cas, la Russie ayant demandé « de faire preuve de retenue et de patience » à l’égard de Pyongyang. Par ailleurs, les Nord-Coréens ont tiré plusieurs missiles à courte portée, vraisemblablement dans l’intention de dissuader d’éventuels avions espions de survoler leur territoire.

Cette attitude belliqueuse de la Corée du Nord viserait à permettre à son actuel dirigeant, Kim Jong-Il, malade, de préparer sa succession à la tête du régime et d’imposer son troisième fils, Kim Jong-Un.

Quoi qu’il en soit, les provocations de Pyongyang déstabilise la région. Outre la Corée du Sud qui est directement menacée, le Japon cherche à renforcer ses capacités militaires, notamment depuis le survol de son territoire par un missile nord-coréen en 1998.

La question de l’éventualité d’une attaque préventive contre un pays ennemi a été remise à l’ordre du jour par le Parti libéral démocrate, actuellement au pouvoir, et le pays s’est engagé, aux côtés des Etats-Unis, dans un programme de défense anti-missiles (avec des frégates AEGIS). Et tout cela, ne rassure pas la Chine, allié de la Corée du Nord, qui a différend avec le Japon qui ne s’est pas effacé depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

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