Les services de renseignement pakistanais et indiens collaborent

Tout finit par arriver. C’est en tous les cas ce que l’on peut se dire après les révélations du Wall Street Journal, le 21 mai dernier, selon lesquelles les services de renseignement de deux pays ennemis depuis leur indépendance échangent des informations.

« La CIA a pressé le Pakistan et l’Inde de partager plus d’informations en matière d’anti-terrorisme, et l’Agence continue de jouer un rôle-clé depuis les attentats de Bombay en encourageant des échanges productifs » a ainsi déclaré au quotidien un responsable du renseignement américain, dont l’identité n’a pas été révélée.

Or, l’Inde soupçonne le groupe islamiste Lashkar-e-Taiba (LeT), basé au Cachemire, d’avoir bénéficié de complicités au sein de l’Inter-Service Intelligence (ISI), le puissant service de renseignement pakistanais, pour planifier les attaques de Bombay, menée en novembre 2008 (174 tués). Depuis, Islamabad a admis que les auteurs de cette opération terroriste étaient bel et bien partis de son territoire, après l’avoir nié dans un premier temps.

Mais pour Washington, la menace la plus forte pour le Pakistan ne vient pas de l’Inde mais des taliban, qui cherchent à destabiliser le pays avec l’intention de s’en rendre maîtres. C’est en tous les cas ce que les Etats-Unis cherchent à faire admettre par Islamabad. Du coup, et si l’on en croit le Wall Street Journal, les services de renseignement indiens et pakistanais coopérent et échangent des informations concernant le LeT, le tout sous l’égide de la CIA.

L’agence américaine communique également des renseignements aux Pakistanais sur la localisation de chefs du mouvement taleb, qui affronte actuellement les forces gouvernementales dans la vallée Swat. Par ailleurs, la CIA donne à New Delhi des informations concernant la politique pakistanaise en matière de contre-terrorisme, après l’accord d’Islamabad.

Quoi qu’il en soit, cette collaboration constitue un progrès appréciable entre les deux pays, après des décennies de rivalité qui les ont mené à se lancer dans une course à l’armement et à se doter d’un arsenal nucléaire.

« J’aimerais beaucoup voir les gouvernements pakistanais et indien renouer avec des mesures visant à établir la confiance et reprendre le dialogue sur le Cachemire ou sur d’autres points de désaccord » a déclaré, le 20 mai dernier, Michele Flournoy, une responsable du Pentagone, lors d’un point presse. « Je pense que cela aiderait le gouvernement et les militaires pakistanais à se focaliser sur la menace existentielle la plus pressente qui pèse sur eux, et qui vient de l’intérieur » a-t-elle estimé.

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