Polémique sur une frappe aérienne américaine en Afghanistan

Au début du mois de mai, deux villages de la province de Farah, située à l’ouest de l’Afghanistan, ont été attaqués par des taliban, ce qui a amené l’armée nationale afghane (ANA) à intervenir, avec des moyens aériens fournis par la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS/ISAF), sous commandement de l’Otan. D’après le témoignage du gouverneur de la province, Rohul Amin, des insurgés se sont alors abrités dans des habitations civiles lors des raids aériens.

Seulement, un bombardement de l’aviation américaine mené à la demande des militaires afghans, le 4 mai, alors pris sous le feu des combattants taliban, suscite la polémique entre Washington et Kaboul. Pour le ministère afghan de la Défense, cette attaque aérienne aurait tué 140 civils, dont 93 enfants. « Aucune nouvelle ne m’attriste ni ne m’afflige davantage que la mort de civils lors d’opérations militaires » avait alors déclaré Hamid Karzaï, le président de l’Afghanistan.

Suite à ce drame, le Parlement afghan a demandé à ce que les accords qui définissent le cadre de la présence des troupes étrangères déployées dans le pays pour lutter contre l’insurrection islamiste soient revus. En outre, les taliban, qui n’hésitent pourtant pas utiliser les civils comme boucliers humains, ont dénoncé le raid américain en réclamant l’ouverture d’une enquête de la Cour pénale internationale (CPI).

Cependant, les conclusions des investigations menées par les autorités afghanes ont été contestées par Washington. Le 7 mai, le secrétaire à la Défense, Robert Gates, avait avancé des éléments selon lesquels les « taliban avaient lancé des grenades dans les maisons pour faire des victimes civiles et en rejeter la faute sur les Etats-Unis ».

Deux semaines plus tard, l’armée américaine a remis ses propres conclusions après avoir enquêté sur les circonstances du raid incriminé. Ainsi, ce dernier n’aurait pas fait 140 victimes civiles mais entre « 20 et 30 ». Selon les résultats « partiels » de ces investigations, il est estimé qu’une soixantaine de taliban auraient été tués.

« Un examen des preuves physiques ne permet pas de déterminer le nombre exact de victimes parmi les civils et les insurgés. Au total, l’équipe d’enquêteurs estime que 60 à 65 talibans ont été tués durant le combat, tandis qu’an moins 20 à 30 civils auraient péri durant l’affrontement » a indiqué l’armée américaine.

Les images prises par un des avions de l’opération « montrent clairement des insurgés entrant dans les bâtiments visés par les frappes ayant mis fin au combat. » Le document indique que les forces de sécurité afghanes ont été « prises en embuscade par 200 à 300 talibans », ce qui a motivé l’intervention de l’armée américaine dans la zone des combats.

Deux frappes aériennes auraient été alors demandées : l’une a été menée par un chasseur F-18 pour secourir un soldat afghan blessé, fixé par les tirs des insurgés réfugiés à l’intérieur d’un bâtiment. L’autre a été effectuée par un bombardier de type B-1, guidé par les troupes au sol, contre plusieurs constructions et un massif d’arbres où les taliban avaient pris position.

Cela étant, selon The Independent, l’unité des Marines, le MarSOC (US Marine Corps Special Operation Command), qui a demandé l’appui aérien, a déjà été impliquée par le passé dans un incident similaire, qui a eu lieu le 21 août dernier. Des frappes sur des objectifs désignés par un groupe de combat MarSOC avaient fait une soixantaine de morts civils dans la région province d’Hérat.

Quoi qu’il en soit, le gouvernement afghan a demandé l’arrêt des raids aériens afin d’épargner les civils. Chose que l’armée américaine n’est pas prête d’accepter. Mais elle a toutefois annoncé son intention de revoir les conditions d’emploi de ses forces aériennes afin de réduire les risques de « dommages collatéraux ».

Photo : B1 Lancer (c) US Air Force

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