La situation se dégrade en Irak
Depuis janvier 2007, et l’application des recommandations faites par le général David Petraeus à l’administration Bush, les violences avaient sensiblement diminué en Irak. Seulement, les attaques terroristes ont tendance à s’intensifier, depuis le début de cette année, alors qu’un accord de sécurité conclu entre Bagdad et Washington, prévoit le retrait progressif des forces américaines d’Irak d’ici à la fin 2011.
Le mois d’avril a été particulièrement meurtrier en Irak, avec officiellement près de 355 personnes tuées par des attentats visant principalement la communauté chiite. Dernièrement, le 20 mai, une voiture piégée a explosée devant un restaurant situé dans le quartier chiite de Choula, au nord-ouest de Bagdad, faisant 40 victimes. Le lendemain, c’est le marché chrétien de Dora, au sud de la capitale irakienne, qui a été la cible d’un kamikaze. Une patrouille à pied de soldats américains auraient été ainsi visée. Douze personnes ont trouvé la mort et le Pentagone a confirmé le décès de trois militaires.
Le même jour, toujours à Bagdad, une bombe placée dans un poubelle, près d’un poste de police, a tué trois membres des forces de sécurité irakiennes. A Kirkouk, à 255 km plus au nord, un kamikaze s’est fait exploser au milieu d’un groupe de miliciens anti al-Qaïda. Huit autres personnes ont été tuées. Enfin, le 24 mai, un autre attentat suicide visant une patrouille américaine à Mossoul, a fait 34 blessés.
Cette augmentation des actes de violence, dont l’objectif semble de raviver les tensions religieuses entre sunnites et chiites, comme cela été le cas en 2006, laisse planer le doute sur la capacité des forces irakiennes à maintenir l’ordre après l’application effective de l’accord de sécurité négocié avec les Etats-Unis.
Par ailleurs, l’affaire de l’arrestation du chef d’al-Qaïda en Irak, qui passe pour un succès majeur, n’apparaît pour l’instant pas aussi claire que le prétend le gouvernement irakien. En effet, le 23 avril dernier, Bagdad a annoncé l’arrestation d’Abou Omar al-Baghdadi, présenté comme étant le successeur d’Abou Moussab al-Zarkaoui à la tête de l’Armée islamique d’Irak, mouvement inféodé à l’organisation d’Oussama ben Laden.
Le 12 mai, un enregistrement diffusé par SITE, une société américaine spécialisée dans la surveillance des sites islamistes, et attribué à Abou Omar al-Baghdadi, a démenti les affirmations du gouvernement irakien. « Tout le monde a été choqué par le mensonge des autorités affirmant une nouvelle fois qu’elles m’ont arrêté » peut-on lire dans la retranscription du message. « Mentir est une habitude des chiites connus pour leur immoralité et leur méchanceté » a ajouté celui qui prétend être le chef de l’Armée islamique d’Irak.
Une semaine plus tard, Bagdad a montré une vidéo de l’homme arrêté en avril et présenté comme étant Abou Omar al-Baghdadi. Interrogé par un officier irakien, ce dernier a ainsi donné des précisions sur le fonctionnement de l’Armée islamique d’Irak, ainsi que sur des attentats passés, comme par exemple celui perpétré contre le mausolée de Samarra en février 2006. « Le but était de pousser sunnites et chiites à s’entretuer » a-t-il affirmé dans l’enregistrement.
Cependant, et bien qu’Oussama ben Laden avait appelé « tous les musulmans irakiens à se rallier à Abou Omar al-Baghdadi » en décembre 2007, l’armée américaine a toujours émis des doutes sur l’existence réelle du chef de l’Armée islamique d’Irak. Pour le Pentagone, en effet, il ne s’agirait que d’un personnage fictif, créé à des fins de propagandes. Et le 24 mai, l’armée américaine a réaffirmé une nouvelle fois ses doutes quant au rôle prêté à celui qui est presenté par les autorités irakiennes comme étant al-Baghdadi.
« Nous n’avons rien qui puisse contredire les renseignements que les Irakiens ont pour l’instant » a déclaré le général David Perkins, le porte-parole des forces américaines en Irak. »Nous ne sommes pas certains du rôle complet joué par cet homme » a-t-il ajouté, en évoquant al-Baghdadi. « Une partie de ce qu’on fait vise à essayer de déterminer qui il était. Il ne s’agit pas de ce qu’il dit, lui (pour se présenter), mais plus de ce qu’il faisait et planifiait » a-t-il poursuivi.