Opérations militaires tchadiennes au Soudan

Au début du mois de mai, des colonnes de l’Union des forces de la résistance (UFR), venues du Soudan, sont entrés au Tchad et ont été repoussées quelques jours plus tard après des combats contre l’armée tchadienne à Am-Dam, une localité située à une centaine de kilomètres au sud de la ville d’Abéché.

Ce nouvel épisode a rendu caduc l’accord de non agression mutuelle conclu entre le Tchad et le Soudan le 3 mai dernier à Doha, N’Djamena accusant Karthoum de soutenir en sous-main l’opposition armée au président tchadien Idriss Déby.

La tension est donc une nouvelle fois montée d’un cran entre les deux pays, au point de « préoccuper » le gouvernement français, qui, par un communiqué en date du 16 mai du ministère des Affaires étrangères, a rappelé « la nécessité de poursuivre le processus de paix engagé à Doha entre le gouvernement soudanais et la rébellion du Darfour (ndlr : accusée d’être soutenue par le Tchad par Karthoum) » et souhaité que le « dialogue entre le gouvernement tchadien et les rebelles tchadiens présents au Soudan conduise à une réconciliation conformément aux dispositions de l’accord de Syrte. »

Seulement, les appels au calme du Quai d’Orsay n’auront pas été entendus par N’Djamena, « décidée à en finir » avec les rebelles. L’armée tchadienne a donc mené des opérations militaires en territoire soudanais, qui ont principalement consisté en une série de raids aériens qui ont pris fin dans la journée du 17 mai. « Après avoir poursuivi les mercenaires à l’intérieur du Soudan, exerçant notre droit de poursuite, les forces de défense de sécurité se sont complétement retirées du Soudan cet après-midi (ndlr : 17 mai) » a déclaré Adoum Younousmi, le ministre tchadien de la Défense par intérim.

Selon N’Djamena, « sept poches de résistance où se regroupaient des mercenaires » ont été réduites. « Nous les avons frappés avec notre aviation le long de la frontière, sans dommages collatéraux » a précisé M. Younousmi, qui a par ailleurs admis que des éléments de l’armée tchadienne, dont des unités d’infanterie, s’étaient aventurés en territoire soudanais sur 40 kilomètres. Toujours de source gouvernementale, près d’une centaine de prisonniers ont été faits dans les rangs de l’opposition armée.

Même si le ministre tchadien de la Défense a assuré que ces opérations militaires n’ont pas visé les autorités et la population soudanaises, il n’en reste pas moins que Karthoum a vivement protesté contre l’initiative tchadienne. « L’armée soudanaise est prête à répondre mais attend les instructions » avait déclaré Alo Sadiq, le porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères. Mais N’Djamena a prévenu : « Nous n’allons plus permettre à aucun pays d’abriter des mercenaires contre Le Tchad. Peu importe la profondeur (en territoire étranger), nous irons les détruire là où ils sont ».

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