Incursion de rebelles dans l’est du Tchad
Le 3 mai, à Doha, le Tchad et le Soudan ont signé un accord de non agression mutuelle, sous l’égide de la Libye, afin de normaliser leurs relations orageuses depuis maintenant plusieurs années. Mais visiblement, l’entente aura été de courte durée car dès le lendemain, N’Djamena a accusé les autorités soudanaises d’avoir permis à des groupes armés de pénétrer en territoire tchadien.
« Alors que l’encre de l’accord de Doha n’a même pas séché, le régime de Khartoum vient de lancer plusieurs colonnes armées contre notre pays » a déclaré, le 5 mai, Mahamat Hissène, le porte-parole du gouvernement tchadien.
« En déclenchant cette agression programmé contre le Tchad, le régime soudanais vient de renier la signature qu’il a apposée à Doha » a-t-il poursuivi. « Le gouvernement de la République du Tchad prend à témoin l’Union africaine, les pays médiateurs et l’opinion internationale de la mauvaise foi du régime de Kharthoum » a-t-il ajouté, avant d’accuser ce dernier de duplicité pour ne pas avoir changé « ni ses intentions, ni sa stratégie ».
De son côté, Karthoum a réfuté les accusations tchadiennes. « Je réitère l’affirmation de l’armée et du gouvernement soudanais qu’aucune incursion de forces soudanaises n’a eu lieu en territoire tchadien » a déclaré Ali Youssef Ahmed, le chef du protocole du ministère soudanais des Affaires étrangères. « Ce qui se passe actuellement, ce sont des batailles entre l’opposition tchadienne et les forces gouvernementales tchadiennes à l’intérieur des frontières tchadiennes » a-t-il avancé.
Seulement, il y a déjà eu deux précédents, l’un en avril 2006 et l’autre en février 2008. Dans les deux cas, les rebelles qui tentèrent de renverser le président tchadien, Idriss Déby, venaient du territoire soudanais, comme cette fois encore. A Paris, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Eric Chevallier, a indiqué que des groupes armés « auraient pénétré au Tchad en provenance du Soudan » et qu’il seraient « entrés de plusieurs dizaines de kilomètres en territoire tchadien ».
Selon N’Djamena, « les rebelles se trouvent depuis lundi à l’intérieur du pays, à environ 100 km à l’est de Goz-Beïda. Ils sont à bord de plusieurs centaines de véhicules. » De son côté, l’Union des forces de la résistance (UFR), qui fédére les mouvements hostiles au président Déby, a reconnu avoir lancé une offensive. Dirigée Timan Erdimi, un neveu du président tchadien et un ancien de ses proches, l’UFR tient ses quartiers au Darfour.
Les autorités tchadiennes n’ont, pour le moment, pas fait état de combats contre la rebellion. Seulement, ces dernières ont indiqué, par la voix de leur porte-parole, Ali Ordo Hemchi, qu’un accrochage se serait produit avec les forces gouvernementales, le 5 mai « aux environs de 11H00 (10H00 GMT) entre Tissi et Haraz-Mangué », dans la région de Salamat, au sud-est du pays, la localité de Tissi étant située à 350 km de Goz Beïda
Selon l’UFR, l’affrontement a tourné à l’avantage des forces rebelles qui auraient « mis en déroute » le détachement militaire tchadien et récupéré ainsi 12 véhicules équipés de mitrailleuses et du carburant.