Annonce de l’arrestation du chef d’al-Qaïda en Irak

Alors que l’armée américaine amorce son retrait d’Irak en vertu de l’accord de sécurité signé à la fin de l’année dernière, le pays subit depuis quelques semaines une recrudescence d’attentats suicides alors que le niveau de la violence avait particulièrement baissé depuis l’application de la nouvelle stratégie mise en place par le général Petraeus en janvier 2007.

Ainsi, le 23 avril, deux attentats suicides ont tué au total 73 personnes. Le premier a eu lieu à Bagdad et a visé une patrouille de police. Le plus meurtrier – 45 morts – a frappé un restaurant, près de Baqouba, dont la clientèle était composée de pélerins iraniens de confession chiites qui se rendaient à Kerbala. Le lendemain, des femmes kamikazes se sont fait exploser à proximité d’un mausolée chiite du quartier de Kazimiyah, faisant ainsi 65 victimes. Enfin, ce 29 avril, plusieurs attentats ont fait une quarantaine de morts dans le quartier chiite de Sadr City, dans la capitale irakienne. Depuis le début de l’année, ce sont plus de 300 personnes qui ont perdu la vie dans ces violences.

Comme on le voit, la communauté chiite est particulièrement dans le collimateur des instigateurs de ces attaques. Aussi, l’annonce faite, le 27 avril, par le ministère irakien de l’Intérieur d’une cellule terroriste mixte d’al-Qaïda animée par des activistes sunnites et chiites a de quoi surprendre. A moins que les autorités irakiennes n’aient pas tout dit sur cette affaire.

Autre annonce faite par Bagdad : l’arrestation d’Abou Omar al-Bagdadi, le chef présumé de l’Armée islamique d’Irak, le groupe proche d’al-Qaïda et qui a eu à sa tête Abou Moussab al-Zarqaoui, tué par une frappe américaine en juin 2006.

« Le chef diabolique, le dirigeant d’al-Qaïda en Irak, Abou Omar al-Bagdadi, est maintenant entre les forces de sécurité irakiennes. Ce terroriste entretenait de solides relations avec l’ancien régime et l’alliance diabolique qu’il avait scellée avec ces affidés du régime défunt a coûté la vie à des enfants, des femmes et des cheikhs innocents dans des attentats sanglants » a affirmé, le 28 avril, le cabinet du Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki.

Arrêté le 23 avril alors qu’il circulait en voiture, Ahmad Abed Ahmad, 40 ans, alias Abou Omar al-Bagdadi, aurait été militaire à l’époque où Saddam Hussein était encore le maître de l’Irak. Selon le général Qassem Atta, porte-parole de la sécurité de Bagdad, le portrait de l’homme arrêté est « la copie conforme » de la photo que « possédaient les services de renseignements » irakiens.

Interrogé par la BBC, Nouri al-Maliki a précisé que les forces de sécurité irakiennes « suivaient depuis deux mois » celui qui est présenté comme le chef d’al-Qaïda en Irak, « grâce à des éléments proches de lui. »

Seulement, le gouvernement irakien a déjà annoncé à deux reprises soit la mort, soit l’arrestation de Bagdadi par le passé. Côté américain, on se montre plutôt prudent. « Je ne peux pas confirmer cette information » a déclaré Bryan Whitman, un porte-parole du Pentagone.

Jusqu’à présent, l’armée américaine avait toujours considéré Bagdadi comme étant un personnage fictif, créé par al-Qaïda pour nourrir une propagande selon laquelle le djihad mené en Irak serait le fait d’activistes locaux et non celui de combattants venus de l’étranger.

Les éléments fournis par Bagdad seront-ils de nature à faire changer d’avis les militaires américains? « Je n’ai aucune raison d’adhérer à cette thèse » a indiqué le porte-parole du Pentagone, estimant que, finalement, Bagdadi pouvait bel et bien être le chef d’al-Qaïda en Irak.

Photo : Abou Omar al-Bagdadi

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