La Marine de la République populaire de Chine fête ses 60 ans

Si la République populaire de Chine a été fondée le 1er octobre 1949, sa Marine est plus ancienne qu’elle de quelques mois. En effet, cette dernière a été créée le 23 avril 1949, à partir de bâtiments abandonnés par les forces nationalistes, réfugiées à Taïwan.

Ainsi, pour fêter les 60 ans de sa marine, Pékin a organisé une revue navale exceptionnelle dans le port de Qingdao, situé dans le nord-est du pays. Des bâtiments venant de 14 pays étrangers y ont également pris part, dont le destroyer USS Fitzgerald de l’US Navy, la frégate de surveillance Vendémiaire de la Marine nationale et le croiseur russe Variag.

L’importance de cette parade, au cours de laquelle le public a pu observer une soixantaine de bateaux, dont les sous-marins nucléaires « Longue Marche 6 » et  « Longue Marche 3 », a ainsi permis à la marine chinoise d’étaler sa puissance. Avec ses 450 navires, elle se situe en effet au troisième rang mondial de par son tonnage.

Le développement de la Marine populaire au cours de ces dernières années inquiète d’ailleurs les Etats-Unis. Dans un rapport publié en 2007, le Pentagone estimait que le renforcement des capacités navales de Pékin visait à « étendre ses intérêts stratégiques dans la ‘grande périphérie’ comprenant l’Asie centrale et le Moyen-Orient. » Il s’agit en fait pour la Chine de sécuriser les voies maritimes afin d’assurer ses approvisionnements en matières premières.

Dans ce but, la marine chinoise a renforcé sa flotte de surface et a également ouvert des bases au Pakistan (Gwadar), aux Maldives, au Bangladesh et en Birmanie, tout en étant en train de se doter de pétroliers ravitailleurs de plus de 20.000 tonnes afin d’allonger son rayon d’intervention.

Cependant, tout n’est pas aussi idyllique. La flotte chinoise, même si elle est importante, est surtout un mélange hétéroclite de navires anciens et modernes, le plus souvent équipés par des armements d’origine étrangère, comme les missiles mer-mer supersoniques SSN-22 « Sunburn » qui lui ont été fournis par Moscou.

Par ailleurs, l’industrie navale chinoise, qui dépend pour encore une grande part de son homologue russe, a encore des progrès à faire, notamment en matière de développement de submersibles. Ainsi, le premier sous-marin lanceur d’engins de fabrication nationale, le type 092 de la classe Xia, n’a jamais été vraiment opérationnel. Quant à son successeur, le type 094 de la classe Jin, dont 5 exemplaires devraient, à terme, rejoindre la flotte chinoise, serait trop bruyant pour un SNLE. Tout comme d’ailleurs le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) de la classe Shang.

Ces submersibles sont vraisemblablement basés sur l’île du Hainan, à proximité de laquelle d’ailleurs un avion espion américain EP3E Orion avait été endommagé à la suite d’une collision en vol avec un avion de chasse chinois en avril 2001. C’est également non loin de cette zone que l’USNS « Impeccable » de l’US Navy a récemment été harcelé par des marins chinois.

Le renseignement américain s’intéresse de près aux mouvement des sous-marins de la Marine populaire et surveille ainsi leur activité. Ainsi, selon des informations déclassifiées en vertu du Freedom of Information Act, les 54 sous-marins chinois auraient réalisé 12 patrouilles en 2008 (soit le double par rapport à l’année précédente), ce qui signifie qu’un submersible chinois réalise une mission tous les 4 ans et demi. Cela en dit long sur le degré de disponibilité de cette flotte ou encore sur sa vétusté, les patrouilles étant probablemement menées par les sous-marins les plus modernes.

Cela étant, le chef d’état-major de la marine chinoise, l’amiral Wu Shengli, a récemment annoncé un plan de modernisation pour améliorer ses capacités de frappe et de projection. Il s’agit « d’établir un système de défense navale qui correspond au besoin de protéger le développement économique et la sécurité de la Chine ». Pour cela, il est question de développer de nouveaux bâtiments disposant d’un grand rayon d’action, des sous-marins « furtifs » ainsi que des avions supersoniques.

Enfin, Pékin ne cache plus sa volonté de se doter d’un porte-avions. Des rumeurs couraient à ce sujet, avec l’achat, en 2000, d’un tel bâtiment aux Ukrainiens – le Varyag, le sisteship de l’Amiral Kuznetzov russe – pour 20 millions de dollars par une société de Macao qui, officiellement, en voulait faire un casino flottant. Mais le navire se trouverait actuellement sur le chantier naval de Dalian, avec une livrée aux couleurs de la marine chinoise. Seulement, la Chine n’aurait pas, pour le moment, les moyens technologiques de le remettre en condition opérationnelle.

Les propos d’un porte-parole du ministère chinois de la Défense, tenus en décembre 2008 et rapportés par l’agence Xinhua, ne laisse plus de prise au doute quant aux intentions de Pékin. « La Chine possède un long littoral, et la sauvegarde de la sécurité maritime du pays et de la souveraineté des régions côtières et des mers territoriales relève du devoir sacré des forces armées de la Chine » avait-il expliqué après avoir estimé que les porte-avions sont « un reflet générale d’une nation ».

Photo : SNLE chinois de la Classe Jin repéré par Google Earth

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