Des drones israéliens pour l’armée russe

Dans le conflit qui l’a opposé à son homologue géorgienne pendant l’été 2008, l’armée russe a révélé un réel déficit capacitaire au niveau de l’utilisation des drones, la conception des appareils de ce type dont elle dispose datant des années 1970. La raison principale pouvant expliquer ce désintérêt pour ces avions sans pilote tient au fait que les militaires russes n’avaient pas de concept d’emploi véritable.

Seulement, l’efficacité des drones géorgiens mise en lumière dans les combats relatifs au contrôle de l’Ossétie du Sud a fait changer la façon de voir des responsables militaires russes. Sans oublier, le marché potentiel que représente ces appareils, ce qu’un pays exportateur d’armes ne peut pas ignorer.

Ainsi, la Russie a annoncer son intention de se procurer des drones auprès d’Israël, qui en a d’ailleurs déjà vendu à l’armée géorgienne. « Nous avons conclu un contrat de livraison de drones avec une société israélienne » a déclaré, le 10 avril dernier, Vladimir Popovkine, le vice-ministre russe de la Défense.

Cette annonce est surprenante car, même si beaucoup d’Israéliens sont d’origine russe, les relations entre les deux pays ne sont pas excellentes. En effet, Moscou compte parmi les clients de son industrie de l’armement les principaux ennemis d’Israël, notamment la Syrie et l’Iran.

Justement, la Russie devait vendre à Téhéran des missiles antiaériens S-300, capables d’abattre une cible évoluant à 30 km d’altitude et à 150 km de distance. En d’autres termes, équipés par ces systèmes de défense sol-air, les Iraniens seraient en mesure de donner du fil à retordre aux aviateurs israéliens dans le cas où ces derniers seraient amenés à bombarder leurs installations nucléaires.

Mais manifestement, l’Iran ne pourra pas compter sur les S-300 russes. Selon le quotidien Haaretz, le gouvernement israélien aurait donné son accord à la vente de drones aux Russes en échange d’un abandon de la vente de ces systèmes de défense antiaérienne aux Iraniens, qui risquent fort de mal prendre la chose, alors même que le président américain, Barack Obama, compte sur la Russie pour tenter de convaincre Téhéran de renoncer à ses ambitions dans le nucléaire militaire.

Dans cette affaire, Israël fait une bonne opération en empêchant l’Iran de renforcer ses capacités en matière de défense antiaérienne, ce qui pourrait avoir son importance au bout du compte. Quant à la Russie, l’acquisition des drones auprès d’Israel Aerospace Industries (IAI) pour une somme évaluée à 50 millions de dollars, permettra à son industrie aérospatiale de rattraper le retard accumulé dans la conception de tels appareils. Car Vladimir Popovkine l’a bien précisé lors de son annonce : ces drones ne serviraient pas « pour faire la guerre » avant de préciser que « l’essentiel est d’en tester les possibilités », autrement dit de s’en « inspirer » pour en développer de nouveaux.

Photo : Projet de drone chez Sukhoï

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