Confusion américaine autour du prochain tir d’un missile nord-coréen

La Corée du Nord a averti : entre les 4 et 8 avril prochains, elle lancera, à partir du site de Musudan-ri, une fusée Unha-2 devant placer sur orbite le satellite de télécommunication Kwangmyongsong-2. Sauf qu’en 1998, Pyongyang avait utilisé le même prétexte pour tirer en fait un missile balistique Taepodong-1 qui avait survolé le Japon. Et c’est donc le même scénario auquel Tokyo, Séoul et Washington s’attendent de voir jouer.

Ainsi, les Etats-Unis et le Japon ont pris des mesures de précaution. Les Forces d’autodéfense japonaises ont déployé des batteries de missiles anti-missiles Patriot à Tokyo, notamment devant devant le ministère de la Défense, ainsi que sur d’autres bases de l’archipel, à Saitama et à Chiba. Deux destroyers, équipés de missiles mer-air SM-3 et du système de combat Aegis, ont également appareillé pour la mer du Japon.

Côté américain, deux destroyers Aegis, l’USS McCain et l’USS Chafee, sont partis du port de Sasebo, situé au sud-ouest du Japon, pour se mettre en place en vue du tir nord-coréen. Un troisième bâtiment du même type rattaché au même port, l’USS Curtis Wilbur, se tient en alerte. L’USS Stethem, un autre destroyer, a quant à lui appareillé du port d’Aomori, dans le nord de l’Archipel, sans que sa destination n’ait été précisée.

Le Premier ministre nippon, Taro Aso, a prévenu Pyongyang que Tokyo détruirait son missile dans le cas où il présenterait une menace pour son territoire. L’amiral Timothy Keating, en charge de l’US Pacific Command, d’ores et déjà indiqué que, si l’ordre lui en était donné, l’armée américaine se tenait prête à abattre l’engin que prévoit de lancer les Nord-Coréens. Ces derniers ont répliqué par une autre menace : si cela devait arriver, ce serait condidéré comme étant un « acte de guerre » par le régime communiste de Pyongyang.

Est-ce donc pour calmer le jeu que le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a apparemment contredit l’amiral Keating lors d’un entretien diffusé par Fox News. « Je pense que si le missile se dirige vers Hawaii ou s’il a l’air de se diriger vers Hawaii, nous pourrions envisager quelque chose (mais) je ne crois pas que nous ayons l’intention de faire quoique ce soit dans l’immédiat » a-t-il ainsi déclaré.

Le patron du Pentagone a confirmé que le lancement du satellite nord-coréen était bel et bien « un leurre pour développer un missile balistique intercontinetntal » susceptible d’atteindre l’Alaska mais dans le même temps, il s’est dit « personnellement sceptique » sur la capacité de Pyongyang à disposer de la technologie nécessaire pour armer un engin de ce type d’une tête nucléaire.

« Si le cadeau de bienvenue de Kim Jong-Il (le chef d’Etat nord-coréen) au nouveau président (Obama) est de lancer un missile et de menacer de faire des tests nucléaires, je pense que ça en dit beaucoup sur l’imperméabilité de ce régime a toute ouverture diplomatique » a encore estimé Robert Gates qui a par ailleurs admis que les négociations à six (Etats-Unis, Japon, Chine, Russie et les deux Corées) portant sur le programme nucléaire de Pyongyang « n’avaient pas fait le moindre progrès récemment ».

Photo : Tir d’un missile mer-air par l’USS John McCain. Le bâtiment porte ce nom en hommage au grand-père et au père de l’ancien candidat à la Maison Blanche, le républicain John McCain (c) US Navy

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