Faites vos jeux
Le mandat de l’actuel secrétaire général de l’Otan, le Néerlandais Jaap de Hoop Scheffer, expire le 31 juillet prochain. Son successeur pourrait être désigné dès le sommet de l’Alliance atlantique qui se tiendra à Strasbourg-Kehl les 3 et 4 avril prochain.
Le favori pour occuper ce poste est le Premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen. Ce dernier a déjà montré ses qualités lors des négociations portant sur l’élargissement de l’Union européenne alors que son pays en assurait la présidence tournante. Favorable à des renforts européens en Afghanistan, ce francophone de 56 ans a également soutenu la guerre en Irak en y joignant le geste à la parole en y envoyant des troupes pour épauler la coalition emmenée par les Américains. Seulement, il n’aurait pas spécialement les faveurs de la nouvelle admnistration démocrate à Washington.
Le colistier d’Obama, Joe Biden, a en effet fait savoir que les Etats-Unis n’ont pas encore pris leur décision sur le successeur de Jaap de Hoop Scheffer. En fait, Washington voudrait pousser la candidature de Peter McKay, l’actuel ministre de la Défense canadien, dont le pays est l’un des plus importants contributeurs de troupes en Afghanistan. Mais, étant donné que, traditionnellement, le secrétaire général de l’Otan est un Européen et que le commandant en chef militaire est un Américain, l’hypothèse McKay est fort peu probable.
Si Rasmussen peut compter sur le soutien de la France, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne, sa nomination éventuelle risque de mécontenter les Turcs (eux aussi membres de l’Alliance). Or, le Premier ministre danois n’a pas une très bonne image dans le monde musulman car c’était lui qui était en poste lors de l’affaire des caricatures de Mahomet par des journaux danois, pour laquelle il a refusé de s’excuser. Cela n’est donc pas de nature à plaire à la Turquie qui reproche en plus au Danemark d’abriter le siège de la télévision du PKK, le parti séparatiste kurde.
Ainsi d’autres noms circulent. Les Norvégiens Jonas Gahr Stoere et Anne-Grete Strom-Erichsten, respectivement ministres des Affaires étrangères et de la Défense, auraient des profils susceptibles de convenir au poste. Mais la Norvège a également été impliquée – à un degré moindre que le Danemark – dans l’affaire des caricatures de Mahomet et elle a l’handicap de ne pas appartenir à l’Union européenne. Or, pour Paris et Berlin, c’est un critère prioritaire.
Le ministre de la Défense polonais Radek Sikorski et le vice Premier ministre tchèque, Sacha Vondra, pourraient prétendre à la succession de Jaap de Hoop Scheffer. Mais, alors que les Etats-Unis et l’Otan tentent un rapprochement avec la Russie, Moscou pourrait prendre très mal la nomination d’une personnalité venant de pays qui lui sont hostiles.
Le nom de Des Browne, l’ancien ministre britannique de la Défense, circule également. S’il est nommé, il deviendrait ainsi le 4e représentant du Royaume-Uni à occuper ce poste, après Lord Ismay (1952-1957), Lord Carrington (1984-1988) et Lord Robertson (1999-2003). Le fait que, justement, le prédecesseur de Jaap de Hoop Scheffer ait été un Britannique peut éventuellement être un frein à la désignation de Des Browne.
