Collision entre deux satellites : un général russe accuse les Etats-Unis

Le 10 février dernier, deux satellites, l’un lancé en 1997 et appartenant à la société américaine de télécommunication Iridium et l’autre, le Cosmos-2251, mis en orbite en 1993 pour le compte de l’armée russe mais inactif depuis 1995, étaient entrés en collision à 800 km d’altitude, au-dessus de la Sibérie.

Selon les experts de la Nasa ou encore du CNES, ce choc entre deux satellites intacts serait une première. Jusqu’à présent, les incidents de ce type recensés impliquaient surtout des débris en orbite, comme par exemple la collision du satellite français de renseignement CERISE avec un morceau de la fusée Ariane en 1996.

« C’est un accident regrettable qui souligne l’importance de la coopération et de la collaboration dans l’espace » avait estimé Bryan Whitman, un des porte-paroles du Pentagone, au moment de l’annonce de la collision. « Je crois que la responsabilité est partagée » avait-il ajouté, tout en expliquant que des solutions auraient pu être mis en oeuvre pour contrôler un satellite hors service. Effectivement, des procédures pour éviter ce genre d’incident existent et sont appliquées régulièrement par les agences spatiales chargées de surveiller les satellites dont elles sont responsables.

Cependant, et selon le général Leonid Shershnev, un ancien responsable du renseignement spatial militaire russe, ce qui passe pour avoir été un défaut de surveillance aurait été au contraire une action délibérée des Etats-Unis, et en particulier de la Darpa (Defense Advanced Research Project Agency), l’agence qui s’occupe de la recherche scientifique et tehnologique pour le compte du Pentagone.

Pour cet officier en retraite, dont les propos ont été publiés par un quotidien russe le 2 mars dernier, les Américains auraient en fait procédé à un essai d’interception et de destruction de satellite dans le cadre du programme Orbital Express, qui vise officiellement à tester le ravitaillement en ergol (carburant) et la reconfiguration de manière autonome et robotisée d’un véhicule en orbite.

Ce programme a été lancé en mars 2007 avec deux satellites : ASTRO (Autonomous Space Transport Robotic Operations) qui a servi de dépanneur et NextSat, qui a joué le rôle de « cible ». Ainsi, pour le général Shershnev, la Darpa serait passé au niveau suivant en utilisant cette technologie pour prendre le contrôle de satellites « hostiles » à partir d’un centre de commandes au sol, voire pour les détruire.

Seulement, le général semble oublier la nature du satellite américain impliqué dans la collision. Ce dernier, mis en oeuvre par une entreprise privée, servait à transmettre les communications passées sur les réseaux de téléphonie mobile et ne faisait donc pas partie d’un quelconque programme secret de la Darpa.

Photo : « On ne vit que deux fois » (c) MGM

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