Un Tupolev russe en vadrouille près du Canada
L’Arctique fait partie des priorités du gouvernement canadien, mené par le conservateur Stephen Harper. Le Canada y a donc renforcé sa présence militaire et a décidé d’y construire un port en eaux profondes ainsi qu’une station de recherche. En janvier dernier, un projet de loi a été déposé afin que le contrôle exercé actuellement par le pays sur les eaux arctiques soit doublé. Par ailleurs, Ottawa estime que le passage qui relie l’Atlantique au Pacifique par le Nord relève de sa souveraineté, au risque de déplaire notamment aux Etats-Unis qui considérent qu’il s’agit d’une voie de navigation internationale.
Cet intérêt pour l’Arctique s’explique notamment par les ressources énergétiques que le sous-sol de ce continent recèle. En effet, près de 13% des réserves de prétrole et 30% des réserves de gaz naturel non découvertes pourraient y être exploitées, si l’on en croit les géologues. Le Canada n’est pas le seul à s’intéresser à ces richesses estimées. Comme Zone Militaire l’a indiqué le mois dernier, les Etats-Unis, la Norvège, le Danemark et la Russie considèrent cette région comme étant stratégique.
C’est ce qui explique, pour une bonne part, la reprise des vols de bombardiers russes dans l’Atlantique nord depuis 2007, comme au temps de la guerre froide. Dans ce contexte, un Tupolev 160 s’est un peu trop approché de l’espace aérien du canada, le 19 février dernier, juste avant une visite officielle du président américain Barack Obama dans le pays. Deux F-18 canadiens de la base de Cold Laken en Alberta, ont alors pris l’air pour forcer l’intrus à rebrousser chemin.
Cet incident n’a été révélé que quelques jours plus tard par le ministre canadien de la Défense, Peter MacKay. « Je ne vais pas accuser les Russes d’avoir fait cela délibérément pendant une visite présidentielle, mais c’est une forte coïncidence » a-t-il déclaré lors d’un point presse, en précisant toutefois que le bombardier russe n’avait pas pénétré l’espace aérien nord-américain, surveillé depuis 1958 par le NORAD, qui est le fruit d’un accord entre Washington et Ottawa.
Du côté de Moscou, on fait valoir que précisément, le Tupolev 160 a toujours respecté les « règles internationales » au cours de sa mission. C’est d’ailleurs ce que disent invariablement les responsables russes à chaque fois qu’un tel incident se produit.
Le Premier ministre canadien a quant à lui exprimé sa « profonde préoccupation » de son gouvernement « face aux actions russes de plus en plus agressives à travers le monde ». « Nous défendrons notre espace et notre souveraineté et nous répondrons chaque fois qu’il y aura des intrusions russes concernant la souveraineté de l’Arctique canadien » a-t-il prévenu.
Photo : Un F-18 du 425e Escadron de la 3e Escadre Bagotville escorte un Tu-95 « Bear » russe en novembre 2007 (c) Force aérienne du Canada