Pierre Lellouche nommé représentant spécial de la France pour l’Afghanistan et le Pakistan

Après le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Etats-Unis – avec Richard Holbrooke, le président Sarkozy vient de désigner à son tour un représentant spécial pour l’Afghanistan et le Pakistan en nommant le député UMP Pierre Lellouche, par ailleurs spécialiste des affaires de défense au sein du parti présidentiel.

« Votre connaissance de ces pays et des questions politico-militaires vous désigne naturellement pour renforcer le rôle de la France dans la définition et la mise en œuvre de l’engagement international. La cohérence et la détermination de tous les acteurs impliqués est un impératif » a estimé le chef de l’Etat dans la lettre de mission adressée au parlementaire.

Ce dernier pourra compter sur l’appui de plusieurs ministères, dont celui des Affaires étrangères, qui créera une cellule pour l’assister, de l’Intérieur, de l’Economie et bien évidemment de la Défense.

« C’est une mission très difficile et mon job est de remettre à plat l’ensemble de ce que nous faisons » tant sur le plan civil que militaire a ainsi précisé le nouvel émissaire lors d’une conférence de presse commune avec Bernard Kouchner, le ministre des Affaires étrangères. Par ailleurs, Pierre Lellouche a estimé que la population afghane était « entre la terreur talibane et un gouvernement qui ne voit pas arriver l’aide occidentale ».

« Ce qu’on a fait en Bosnie, au Kosovo, a fonctionné. Cela n’a pas fonctionné en Afghanistan parce qu’on n’y a pas mis l’effort et la coordination nécessaires » a-t-il affirmé. Alors co-rapporteur d’une mission parlementaire en Afghanistan, Pierre Lellouche avait parlé de « situation d’impasse » au niveau militaire et qu’il fallait alors trouver des solutions politiques pour mettre un terme à la destabilisation du pays.

« Il y a des risques d’enlisement et un vrai problème de sécurité qui obère la reconstruction en Afghanistan » estime-t-il presque trois mois plus tard. « La solution à la sortie, ce sera la réconciliation nationale » a encore précisé le député, qui pense par ailleurs qu’il faudra « associer au pouvoir sans les armes » certains insurgés nationalistes afghans.

Quoi qu’il en soit, la position de Pierre Lellouche est plus optimiste que celle du Premier ministre du Canada, le conservateur Stephen Harper qui, lors d’un entretien diffusé par la chaîne américaine CNN, a estimé que les forces de l’Otan n’étaient pas en mesure de « vraincre » l’insurrection.

« L’Afghanistan a toujours été, selon ce que j’en comprends, aux prises avec une insurrecton en quelque sorte » a-t-il même ajouté. Les propos de Stephen Harper, qui suscitent la polémique dans le milieu politique canadien, ont été tempérés par la suite par son porte-parole. « Le Premier ministre avait déjà dit que l’objectif n’était pas de se débarrasser de l’insurrection mais de pouvopir rendre le pays un peu plus stable. Et il a dit la même chose sur CNN » a-t-il ainsi précisé.

Etant donné qu’une nouvelle stratégie va être proposée avant le prochain sommet de l’Otan qui doit se tenir en avril prochain, les différents Etats membres de l’Alliance auraient sans doute besoin d’accorder leurs violons et de s’assurer des objectifs à atteindre avant de prendre des décisions qui seront lourdes de conséquences, non seulement pour le peuple afghan, mais aussi pour les militaires envoyés sur le terrain.

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