L’Inde augmente ses dépenses militaires de 24%
Le ministre de la Défense indien, A.K. Antony, avait donné un aperçu des intentions de son gouvernement à l’égard de son budget. « Malgré la récession économique, il n’est pas question de réduire nos dépenses militaires, ni de faire de compromis sur nos achats » avait-il déclaré en marge du salon Aero India, où près de 600 exposants du secteur de l’armement se rassemblent à Bangalore tous les deux ans.
Ainsi, New Delhi a annoncé, le 16 février, la plus importante hausse de ses dépenses militaires depuis son accession à l’indépendance en 1947. Le budget de la Défense sera donc augmenté de 24% pour la période 2009/2010, pour atteindre le montant de 23,4 milliards d’euros.
Le ministre indien des Finances, Pranab Mukherjee, a indiqué au Parlement que ces dépenses militaires pourraient être même encore plus élevées si nécessaire. « Nous vivons une période difficile. Les attentats de Bombay ont donné une nouvelle dimension au terrorisme transfrontalier » a-t-il justifié devant les parlementaires lors de la présentation du projet de budget pour la prochaine année fiscale qui débutera le 1er avril. « Un seuil a été franchi, notre sécurité s’est considérablement détériorée. Toute disposition nécessaire à la sécurité de la nation sera engagée », a-t-il encore ajouté.
Depuis 2000, l’Inde a acheté pour 28 milliards de dollars d’armement, ce qui en fait le premier acheteur parmi les pays émergents. Son armée – la quatrième au monde en terme d’effectifs – est équipée à 70% de matériels russes qu’il faudra moderniser ou remplacer d’ici à 2018. Le marché de l’armement indien est évalué à 50 milliards de dollars, ce qui a de quoi aiguiser l’appétit des industriels du secteur.
Par exemple, et contrairement à ses habitudes qui consistent à négocier des contrats d’achat de matériels militaires de gré à gré, l’Inde a lancé en 2007, pour la première fois de son histoire, un appel d’offres afin de remplacer la flotte vieillissante de 126 Mig-21 en dotation au sein de la L’Indian Air Force. Ainsi, les américains Lockheed-Martin (F-16), Boeing (F/A-18), le russe Mikoyan Gourevitch (Mig-35) ainsi que les européens Saab (Gripen), Dassault Aviation (Rafale) et le consortium Eurofighter (Typhoon) sont sur les rangs pour emporter ce contrat estimé à 10,2 milliards de dollars.
Cependant, les Etats-Unis semblent les mieux placés pour profiter de la hausse des dépenses militaires indiennes, Washington et New Delhi ayant récemment conclu un « partenariat stratégique », ce qui mécontente d’ailleurs le Pakistan, le rival nucléaire de l’Inde, qui était jusqu’alors le protégé des Américains dans la région, les Indiens s’étant tourné vers les Russes pendant la guerre froide.
En janvier 2008, Lockheed-Martin avait vendu, pour près d’un milliard de dollars, six appareils de transport C-130 Hercules à l’armée indienne. Plus récemment, au début de l’année, Boeing a signé un contrat de 2,1 milliards de dollars pour fournir à la marine indienne huit avions de patrouille maritime de type P-81 Poséidon d’ici à 2013.
Photo : extrait du film indien Lakshya