La France lance la première phase d’un système d’alerte spatiale avancée

La fusée Ariane 5 a placé sur orbite, dans la soirée du 12 février, deux microsatellites Spirale (Système préparatoire infrarouge pour l’alerte) pour le compte de Délégation générale de l’Armement. Il s’agit d’un premier pas vers la mise en place d’un programme visant à donner à la France une capacité d’alerte avancée devant permettre de détecter et d’identifier le tir d’un missile balistique.

D’une masse de 117 kg chacun, les deux microsatellites (Spirale A et B), développés par Thales Alenia Space, sous la maîtrise d’oeuvre d’EADS-Astrium, sont en fait des démonstrateurs qui devront constituer, pendant plus d’un an, une vaste banque d’images infrarouges de la Terre.

A l’issue de cette phase de collecte et après avoir traité les informations obtenues, la DGA sera en mesure de définir des spécifications techniques pour la mise au point du futur satellite du sytème de détection et d’alerte avancée, qui devrait être lancé en 2016. Ce dispositif sera complété par un radar sol très longue portée (TLP) afin de suivre la trajectoire d’un missile balistique après qu’il ait été tiré.

L’acquisition de la capacité à détecter et à caractériser les tirs de missiles balistiques a été recommandée par le dernier Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale, au chapitre de la fonction stratégique « Connaître et anticiper ».

Ce système d’alerte avancée doit répondre à trois objectifs. L’un d’entre eux est de « favoriser l’alerte des populations » afin de « mettre en oeuvre des mesures de protection ». Sauf à mettre également en place des systèmes d’interception dans le cadre d’une défense antimissile, cet argument n’a pas vraiment de sens lorsqu’on sait qu’un missile balistique ne met qu’une quinzaine de minutes – au minimum – pour atteindre sa cible…

En revanche, le programme d’alerte et de détection avancée permettra surtout de surveiller la prolifération des missiles balistiques et d’avoir une certaine autonomie d’appréciation sur les progrès réalisés par les pays qui cherchent à se doter de telles armes.

En clair, la France ne dépendra plus des renseignement fournis jusque-là par les Etats-Unis, qui disposent depuis plus de 40 ans de cette capacité de détection, notamment avec leurs satellites géostationnaires DSP-I (Defense Support Program – Improved), qui devraient être prochainement remplacés par le programme SBIRS (Space-Based Infrared System) qui pourra non seulement surveiller les tirs de missile mais aussi obtenir des renseignements opérationnels pour des missions de combat classiques.

De plus, la capacité de déterminer avec précision l’origine d’un tir de missile balistique susceptible de frapper l’Hexagone renforcera aussi la crédibilité de la dissuasion nucléaire française.

Seulement, la mise en place d’un tel système de surveillance va coûter cher. Il est question de 400 millions d’euros, le montant du Programme d’études amont (PEA) Spirale, lancé par la DGA en 2004, ayant déjà atteint les 124 millions d’euros. Cela nécessiterait de faire des économies sur d’autres postes de dépenses étant donné le contexte budgétaire.

Or, d’autres priorités sont à l’ordre du jour, à commencer par l’acquisition de nouveaux matériels pour remplacer ceux qui sont actuellement à bout de souffle. Cela explique sans doute pourquoi le projet de la prochaine Loi de programmation militaire (LPM, chapitre 2.4.3.1) envisage la recherche d’une « coopération européenne » sur le système d’alerte et de détection avancée, ce qui permettrait d’en partager les coûts.

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