27 janvier 1967 : la tragédie d’Apollo I
Le 25 mai 1961, le président John F. Kennedy fixa un objectif ambitieux à la Nasa : envoyer des hommes sur la Lune avant la fin de la décennie. La période est alors marquée par la rivalité avec les Soviétiques dans le domaine spatial, le tout, sur fond de guerre froide.
Le défi lancé par Kennedy fût relevé le 20 juillet 1969. Le module lunaire (LEM), baptisé Eagle, déposa le colonel Buzz Aldrin (USAF) et l’ancien pilote de l’US Navy (pendant la guerre de Corée), Neil Armstrong, sur la Lune, précisément dans la Mer de la Tranquilité, après s’être séparé du vaisseau Apollo 11 dans lequel était resté Michael Collins, un pilote d’essais de l’aviation militaire américaine..
Pour réussir cet exploit, l’administration américaine ne lésina pas sur les moyens puisqu’un budget de plus de 135 milliards de dollars fût accordé à la Nasa. Mais au delà de la portée historique de cet événement, les retombées technologiques du programme Apollo furent nombreuses, notamment pour ce qui concerne l’électronique, l’informatique ou encore la conception des matériaux.
Cependant, cette conquête de la Lune avait mal commencé. En effet, le 27 janvier 1967, trois astronautes trouvaient la mort dans l’incendie de la capsule appelée Apollo I, lors d’essais au sol. Il s’agissait de Gus Grissom, d’Edward White et de Roger Chaffee. Tous les trois avaient un point commun : ils étaient tous des pilotes de chasse avant de rejoindre la Nasa, tout comme d’ailleurs leurs collègues de la mission Apollo XI. Ainsi, les deux premiers s’étaient engagés initialement dans l’US Air Force et le troisième, dans l’aéronavale.
A cette époque, les astronautes étaient en effet presque exclusivement sélectionnés parmi les pilotes militaires ayant accompli des études scientifiques poussées. De nos jours, alors que le tourisme spatial s’est développé pour les milliardaires, cela est moins vrai. Cependant, en France, ce parcours est encore le meilleur moyen de mettre le plus de chances de son côté pour espérer tutoyer les étoiles.
Ainsi, sur les neuf « spationautes » français, cinq sont passés par l’Ecole de l’air de Salon de Provence (Chrétien, Baudry, Tognini, Haigneré, Eyharts), deux ont été diplômés de Polytechnique mais avec une partie de leur carrière passée en tant que pilote d’essais (Perrin) ou d’ingénieur navigant d’essai (Clervoy). Seuls Jean-Jacques Favier et Claudie Haigneré, respectivement physicien et médecin, n’ont pas eu un cursus ayant un rapport direct avec l’aéronautique.
Cela étant, le drame d’Apollo I aura eu pour conséquence la suspension du programme pendant une année. L’enquête qui fût ordonnée par la suite montra que la Nasa avait confondu vitesse et précipitation pour damer le pion aux Soviétiques. Ses conclusions montrèrent que l’incendie fût causé par une étincelle due à un court-circuit, ce qui enflamma l’oxygène de la capsule.
« Je suis persuadé que nous aurions fini par nous casser la figure à plusieurs reprises avant d’arriver sur la Lune, peut-être même n’y serions-nous jamais arrivés s’il n’y avait pas eu Apollo 1. Nous sommes tombés sur un nid de vipères qui nous auraient donné bien du fil à retordre par la suite. Les problèmes auraient été traités petit à petit, sur plusieurs vols, en zigouillant plusieurs personnes au passage. L’incendie nous a obligés à arrêter tout le programme et à faire le grand nettoyage », avait estimé le chef des équipes d’astronautes, Donald Slayton, au sujet de ce drame.
Photo : Virgil « Gus » Grissom, Ed White et Roger Chaffee (c) Nasa