Obama et l’avenir du bouclier antimissile

Maintenant que Barack Obama a été officiellement investi président des Etats-Unis et que son équipe gouvernementale est en place, des questions se posent quant à l’avenir du bouclier antimissile, censé initialement sanctuariser le territoire américain par rapport à la menace balistique. Priorité stratégique de l’administration Bush, ce projet a été la source d’un regain de tension entre Moscou et Washington au cours de ces dernières années.

En effet, des éléments de ce bouclier antimissile doivent être installés en Europe de l’Est. Ainsi, la Pologne a accepté d’accueillir 10 missiles intercepteurs tandis que la République tchèque a donné son accord pour qu’un radar soit mis en oeuvre à partir de son territoire. Ce dispositif devrait donc permettre de contrer une éventuelle menace venant de l’Iran, qui développe des missiles balistiques et dont le programme nucléaire est suspecté d’avoir des visées militaires.

Seulement, en permettant de protéger les Etats-Unis des possibles intentions malveillantes iraniennes ou nord-coréennes, le bouclier antimissile, de par les implantations de ses radars et de ses missiles intercepteurs, est également en mesure de parer des tirs chinois et russes. Cependant, les dix antimissiles qui seront déployés en République tchèque ne seront pas suffisants pour contrer l’énorme force de frappe de la Russie.

Mais, pour Moscou, ce sytème porterait quand même atteinte la crédibilité de ses forces stratégiques. De plus, la Russie craint aussi que ce bouclier fasse faire aux Américains un saut technologique qu’elle serait bien incapable d’accomplir dans un avenir proche. Enfin, la perspective de voir des installations militaires américaines dans son ancienne zone d’influence n’est pas du goût de Moscou, qui se sent, à tort ou à raison, encerclé.

« Nous croyons qu’Obama veut faire une pause » a déclaré Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, au sujet du bouclier antimissile. « J’espère qu’il analysera notre proposition de surveiller en commun les menaces balistiques » a-t-il ajouté, en faisant référence à l’offre faite aux Américains d’exploiter conjointement la radar de Gabala (Azerbaïdjan) au lieu d’installer des éléments de bouclier en Europe de l’est. Mise sur la table en juin 2007, cette alternative n’a évidemment pas été acceptée par Washington, qui entend garder la maîtrise de son projet tout en évitant de donner la possibilité aux Russes de les surveiller.

Pendant la campagne électorale, Barack Obama avait affirmé qu’il soutiendrait le projet de bouclier antimissile à condition qu’il soit « technologiquement adapté » et « financièrement viable. » Pour le dernier point, la situation économique américaine risque fort de peser dans la balance. Déjà, le projet de « Guerre des étoiles » (IDS) voulu par le président Reagan, et qui avait relancé une course à l’armement qui fût une des causes de la chute de l’Union soviétique, avait été abandonné non seulement en raison de son coût mais aussi parce qu’il avait perdu de sa pertinence – du moins à l’époque.

Quant à la fiabilité technologique du programme, elle reste encore à démontrer. Jusqu’à présent, il compte autant d’essais réussis que d’échecs. Reste à savoir si cela sera suffisant pour convaincre le nouveau président américain de poursuivre – ou non – la mise en place de ce bouclier antimissile.

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