Suspension de vol provisoire pour les Cougar

Suite à l’accident d’un Cougar, le 17 janvier, au large des côtes gabonaises, qui a fait 8 victimes parmi les militaires français, l’armée de Terre a décidé de suspendre provisoirement de vol tous les hélicoptères de ce type actuellement en service.

« Il s’agit d’un principe de précaution traditionnel à chaque fois qu’un incident non expliqué se produit sur un véhicule aérien » a indiqué le colonel Benoît Royal, le chef du Service d’information et de relations publiques de l’armée de Terre (SIRPA Terre). Ainsi, les Cougar, qui sont en service depuis 16 ans en moyenne, devraient rester au sol tant que les premiers résultats de l’investigation en cours pour déterminer les causes de l’accident ne seront pas connus.

Deux enquêtes ont été ouvertes. L’une, technique, est menée par le Bureau enquêtes accidents Défense – Air (BEAD) tandis que l’autre est dirigée par le procureur aux Armées.

Selon le colonel Royal, l’immobilisation des Cougar, dont 17 sont mis en oeuvre par l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT), ne devrait pas poser de « problème opérationnel. » Les deux appareils de ce type qui étaient déployés au Gabon et en République centraficaine seront remplacés par des Puma, qui sont en passe d’atteindre un âge canonique de près de 40 ans.

Cela étant, la situation des matériels de l’ALAT, et plus précisément celle des hélicoptères de transports, dits de manoeuvre, ne peut pas être ignoré des décideurs politiques puisqu’elle a au moins fait l’objet de deux rapports parlementaires. Le premier, intitulé « Les hélicoptères de l’armée de Terre, situation et perspectives », a été publié par le sénateur Serge Vinçon en juillet 2002.

« Pour les hélicoptères de transport Puma et Cougar, la disponibilité technique opérationnelle continue de se situer à des niveaux critiques. S’agissant du Puma, elle n’était que de 50% au début de l’année 2001 et, après avoir avoisiné 65% à l’été 2001, elle est retombée aux environs de 60% en avril 2002. La disponibilité technique opérationnelle du Cougar était également de l’ordre de 60% à la même date » était-il ainsi écrit dans le document.

Plusieurs facteurs avaient été avancés pour expliquer cet état de fait comme « les difficultés persistantes dans l’approvisionnement en pièces de rechange pour des raisons techniques, administratives ou financières », les perturbations liées aux « restructurations profondes menée par l’armée de Terre, notamment dans l’arme du matériel » (ndlr: la professionnalisation était en passe de se terminer), « l’utilisation intensive » des hélicoptères « notamment en opérations extérieures », ainsi que leur « vieillisement ».

Outre l’insuffisance de disponibilité mise en évidence, le sénateur avait à l’époque pointé le « sous-entraînement des équipages combiné à une sur-utilisation des appareils » disponibles. « On doit par ailleurs signaler que la forte contraction des crédits (ndlr : décidée sous le gouvernement Jospin) ayant affecté, dans l’application de la loi de programmation militaire, les programmes dits ‘de cohérence opérationnelle’, a entraîné un report des livraison des simulateurs de pilotage » avait estimé Serge Vinçon.

En janvier 2008, un autre rapport, publié cette fois en janvier 2008 par les députés Alain Marty, Michel Sordi et Jean-Claude Viollet, a une nouvelle fois abordé « la situation particulièrement préoccupante » des hélicoptères de transport de l’armée de Terre.

« Le vieillissement du parc impacte directement la disponibilité des appareils, ne serait-ce que compte tenu des difficultés de maintenance dues à la multiplicité des parcs et des évolutions combinée à des difficultés de recrutement et de fidélisation des mécaniciens et à l’arrêt de production de certains pièces de rechange. Outre la complexité technique, ces difficultés augmentent également la durée des opérations de maintenance, détériorant encore la disponibilité opérationnelle » affirmait le document.

Quant aux Puma, le document indiquait qu’à partir de 2010, « ils ne seront plus autorisés à voler dans l’espace aérien international et ne pourront plus être déployés que pour des opérations à caractère exceptionnel et exclusivement sous contrôle militaire ».

Cependant, et en dépit de ces difficultés, le taux de disponibilité des hélicoptères de l’ALAT dépasse les 74% en opérations extérieures. Mais cela « nécessite de déployer une suractivité en maintenance et pèse sur la disponibilité technique opérationnelle en métropole », avaient fait valoir les auteurs du rapport.

Photo : (c) Sirpa Terre

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