Le responsable du massacre de Maillé identifié

Eté 1944. Les forces allemandes sont sur la défensives. A l’Est, elles cèdent du terrain face à l’Armée rouge, tandis qu’en Normandie, les Alliés finissent par avoir raison de leur résistance. En août, le débarquement en Provence puis la libération de Paris, le 25, laissent entrevoir la fin inéluctable de l’occupation nazie en France. Harcelées par la résistance intérieure, les troupes du IIIe Reich perdent pied et certaines d’entre-elles vont se venger sur la population civile.

Ainsi, le 10 juin, les hommes de la division SS Das Reich s’en prennent au village haut-viennois d’Oradour-sur-Glane, où 642 civils sont massacrés. Quelques heures plus tôt, 99 habitants de Tulle avaient été pendus par des éléments de la même unité et 67 personnes furent exécutées à Argenton-sur-Creuse (Indre). Le 24 août, ce sont 68 civils qui sont tués par la 51e Brigade SS à Buchères, dans l’Oise.

Si les manuels d’histoire auront retenu les exactions commises par la division Das Reich, il n’en reste pas moins que d’autres villages ont subi la barbarie nazie, comme celui de Maillé (Centre) où 124 civils, femmes et enfants compris, en ont été les victimes, le 25 août 1944.

Ce massacre aurait pu être oublié et ses auteurs rester inconnus. Seulement, un magistrat allemand, Ulrich Maass, s’est intéressé à ce cas et a ouvert, en 2004, une information judiciaire pour retrouver les responsables de ce crime de guerre, qui sont imprescriptibles outre-Rhin alors que leur prescription est de 30 ans en France.

Ainsi, après s’être rendu à plusieurs reprises en Touraine pour enquêter sur cette affaire, Ulrich Maass a pu retrouver le nom de l’unité allemande impliquée à partir des archives qu’il a consultées. Selon lui, les documents « confirment la présence le jour du massacre du 17e bataillon SS, basé à Châtellerault » ainsi que « l’attaque sur une voiture allemande, la veille, dans laquelle se trouvait le sous-officier Gustav Schlüter, principal protagoniste de la demande de représailles. »

Ce 17e bataillon SS « a participé à ce massacre en représailles » a indiqué le procureur allemand. « La veille, huit résistants cachés dans une ferme ont eu peur à l’approche d’une voiture allemande et ont tiré. Dans le véhicule conduit par Gustav Schlüter, un soldat a été tué, un autre blessé » a affirmé Ulrich Maass. « Schlüter, très en colère, a alors demandé à sa hiérarchie des représailles, parlant d’attentats terroristes à Maillé impossibles à supporter et de réaction prévues pour ce genre de situation » a-t-il encore poursuivi.

Pourtant, le sous-officier SS, Gustav Schlüster, était bel et bien connu pour son rôle dans cette affaire puisqu’il avait été condamné à Bordeaux en 1952. Cependant, il n’a guère été inquiété par la suite et a ainsi pu finir ses jours en Allemagne, en 1965.

Mais pour le procureur allemand, il s’agit maintenant de « tenter de découvrir les noms des participants au massacre. » Si certains d’entre eux sont encore en vie, « mon devoir sera de les inculper pour crime de guerre, une procédure qui peut durer des années », a-t-il annoncé. Seulement, étant donné que les faits ont été commis il y a près de 65 ans, c’est une course contre la montre que le magistrat allemand va commencer. Ce dernier compte terminer cette affaire « d’ici à deux ans ».

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