L’opération Atalante a été officiellement activée
Depuis le 11 décembre, l’Union européenne a donné le feu vert à l’opération navale Atalante, dont la mission, confiée par les Nations unies, consiste à mettre en échec les pirates somaliens dont l’activité s’est accrue au cours de ces derniers mois.
Ce n’est pas la première fois que des marines européennes vont travailler ensemble pour le compte de l’UE. Depuis 1995, déjà, l’Euromarfor, qui est actuellement à l’oeuvre aux larges des côtes libanaises dans le cadre d’une résolution de l’ONU consécutives au conflit de l’été 2006 entre Israël et le Hezbollah, rassemble les marins français, italiens, espagnols et portugais.
Près de huit Etats membres vont participer à l’opération Atalante, qui doit durer au moins un an. Ainsi, l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la France, la Grèce, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède vont fournir en permanence des bâtiments de guerre, des avions de patrouilles maritimes, ainsi que des moyens terrestres pour les besoins de la mission.
L’ensemble du dispositif est placé sous le commandement du vice-amiral britannique Philip Jones, à partir du quartier général opératif (OHQ) de Northwood, au Royaume-Uni. La force déployée aux larges des côtes somaliennes est quant à elle placée sous l’autorité du contre-amiral grec Antonios Papaionnou dont l’état-major est embarqué à bord de la frégate Psara, qui doit arriver sur zone à partir du 16 décembre.
La France, qui dispose en permanence d’une frégate dans la région – actuellement, il s’agit du Nivôse – doit mettre à la disposition de l’opération Atalante ses infrastructures aéroporturaires des Forces françaises à Djibouti (FFDJ) qui apportera un soutien logistique et médical.
Près de 40% des Somaliens étant dépendants de l’aide humanitaire pour survivre, la première mission d’Atalante sera d’escorter les navires du Programme alimentaire mondial (PAM). Etant donné qu’environ 12% du commerce maritime et 30% du pétrole brut mondial transitent par le détroit de Bab el-Mandeb, la force navale européenne aura également à protéger les navires dits « vulnérables » et à dissuader, voire, le cas échéant, réprimer, tout acte de piraterie.
« Nous protégeons d’abord des bateaux du PAM, puis les navires (à cargaison) humanitaire, puis ceux de l’UE (…) et ensuite vient le reste des bateaux. Il y a une hiérarchie claire des priorités », a cependant averti Franz Josef Jung le ministre de la Défense allemand. Ainsi, les armateurs européens qui font voguer leurs bâtiments sous un pavillon d’un Etat non membre de l’UE, ne seront pas prioritaires. Récemment, la marine allemande a refusé d’escorter un bateau armé par l’opérateur Hapag-Lloyd sous le prétexte qu’il battait pavillon des Bahamas.
Par ailleurs, si les règles d’engagement décidées par les 27 sont « très robustes », pour reprendre le mot de Javier Solana, le chef de la diplomatie de l’UE, les aspects juridiques de l’opération le sont moins. Seulement quatre pays participants sont autorisés par leur législation nationale à arrêter et juger des pirates. Du coup, une des solutions passe par le Kenya.
En effet, en marge de la conférence sur la piraterie de Nairobi, le Royaume-Uni a négocié avec le gouvernement kenyan un accord selon lequel il sera possible de remettre à la justice kényane des pirates arrêtés en flagrant délit.
Enfin, la force navale européenne ne sera pas la seule à croiser dans ce secteur d’une surface de plus de 2 millions de kilomètres carrés. La Task Force 150, c’est à dire le volet naval d’Enduring Freedom, l’opération anti-terroriste, la marine russe, avec une frégate et bientôt trois autres navires, dont le croiseur nucléaire Pierre-le-Grand et les marins indiens, coréens et japonais y sont, entre autre également présents.