Le Pentagone aurait négligé la menace des IED

Un rapport de l’Inspecteur général du Pentagone, publié le 9 décembre, accuse le département de la Défense d’avoir négligé la menace des engins explosifs improvisés (IED, Improvised Explosive Device) en tardant d’y apporter des solutions pour protéger les soldats américains engagés en Irak et en Afghanistan.

Ces engins explosifs improvisés sont en fait des bombes fabriquées artisanalement par les groupes insurgés en associant généralement une mine avec un système de mise à feu qui peut être actionné à distance, ce qui leur permet de viser particulièrement, non sans efficacité, les convois militaires et les patrouilles.

« Le département de la Défense était conscient de la menace représentée par les engins explosifs artisanaux dans les conflits de faible intensité (…) avant le début de l’insurrection en Irak en 2003 », avance le document. « Malgré tout, le département n’a pas requis, finance ou acquis des véhicules blindés résistants aux minies artisanales », est-il encore écrit dans le rapport.

« En conséquence, le Pentagone a lancé des opérations en Irak sans avoir pris les mesures nécessaires pour acquérir la technologie propre à réduire ce risque connu pour les soldats et les Marines » accuse l’inspecteur général du département de la Défense, qui pointe par ailleurs la décision du corps des Marines d’avoir préféré, en février 2005, renforcer le blindage de ses Humvees plutôt que d’acquérir des véhicules MRAP (Mine Resistant Ambush Protected), conçus de manière à dévier le souffle de l’explosion vers l’extérireur.

Cette accusation de négligence est sérieuse : les engins explosifs improvisés sont impliqués dans la majorité des cas de décès des militaires américains engagés dans des conflits asymétriques, tels qu’en Irak et en Afghanistan.

Il aura fallu attendre l’arrivée de Robert Gates à la tête du Pentagone, à la fin de l’année 2006, pour que les premiers MRAP soient commandés pour remplacer les Humvees. L’actuel secrétaire à la Défense en avait même fait une priorité en 2007. Actuellement, quelques 12.000 véhicules de ce type sont en service dans les forces américaines, pour un coût de 22 milliards de dollars. Selon un porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell, 16.000 autres exemplaires sont en cours d’acquisition.

Mais Geoff Morrell a toutefois défendu les décisions prises par le département à la Défense, qui aurait, selon lui, progressivement adapté les équipements en fonction du degré sans cesse croissant de sophistication des engins explosifs improvisés. « L’avons-nous fait de la manière la plus efficace et rapide souhaitée? Certes non. Mais suggérer qu’il y a eu négligence ou que les gens avaient les bras croisés, ignorant la demande urgente des commandants sur le terrain, n’est tout simplement pas exact ». a-t-il déclaré au cours d’un point presse.

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