Le républicain Robert Gates reste au Pentagone

Le futur président américain, Barack Obama, qui entrera en fonction à partir du 20 janvier prochain, a dévoilé quelques noms de personnalités qui feront partie de son administration.

Ainsi, Hillary Clinton, sa concurrente malheureuse à l’investiture du Parti démocrate, succèdera à Condoleeza Rice au département d’Etat, c’est à dire à la tête de la diplomatie américaine. Le ministère de la Justice reviendra à Eric Holder et l’élue démocrate Janet Napolitano héritera de la Sécurité intérieure (Homeland Security).

Le poste de conseiller à la sécurité nationale sera attribué à un ancien militaire, le général James Jones. Natif du Kansas, ce diplômé en relations internationales de l’université Georgetown de Washington s’est engagé dans le corps des Marines en 1967. Promu lieutenant lors de la guerre du Vietnam, James Jones a occupé différents postes à l’étranger et a été commandant des forces de l’Otan en Europe de 2003 à 2006. Auparavant, il a été l’assistant militaire de William Cohen, le secrétaire à la Défense de l’administration Clinton. Le général Jones a passé une partie de son enfance à Paris et parle ainsi la langue de Molière.

Quant au Pentagone, Barack Obama a choisi la continuité avec le maintien dans ses fonctions de l’actuel secrétaire à la Défense, le républicain Robert Gates. Ce dernier a succédé au controversé Donald Rumsfeld à la fin de l’année 2006. Âgé de 65 ans, spécialiste de l’Union soviétique, il a accompli l’essentiel de sa carrière au sein de la CIA, qu’il a d’ailleurs dirigée de 1991 à 1992, pendant une partie de la présidence de George Bush père.

Pragmatique et jouissant d’une bonne estime aussi bien de la part des républicains que des démocrates malgré des soupçons sur son rôle dans l’affaire Iran/Contra dans les années 1980, il a su remettre de l’ordre au Pentagone après plusieurs affaires embarrassantes, comme par exemple celle concernant la gestion des composants nucléaires. En juin, il n’a pas hésité à pousser vers la sortie le secrétaire à l’armée de l’air ainsi que le chef d’état-major de l’US Air Force.

Concernant le dossier irakien, il a mis en oeuvre le « surge », c’est à dire la nouvelle stratégie américaine en Irak, décidée par le président Bush et inspirée par le général Petraeus, qui a consisté à y envoyer 30.000 soldats supplémentaires pour sécuriser le pays. Pour le moment, le pari, tenté il y a maintenant presque deux ans, s’avère gagnant et c’est ce qui permettra au nouveau président américain de lâcher du lest sur le front irakien pour renforcer les troupes américaines en Afghanistan.

Comme Barack Obama, Robert Gates s’est dit favorable à la fermeture du centre de détention de Guantanamo, où sont incarcérées les personnes suspectes de se livrer au terrorisme. Son maintien au Pentagone est plus qu’un signe d’ouverture au sein de la future administration démocrate.

En effet, si on le rapproche de la nomination d’Hillary Clinton, favorable en 2002 à l’intervention militaire américaine en Irak, cela veut dire que le prochain locataire de la Maison Blanche n’entend pas mener une politique de rupture par rapport à celle menée par son prédecesseur, d’autant plus que le chef d’état-major interarmées, l’amiral Mike Mullen, ainsi que le général David Petraeus, le chef du Centcom, le commandement américain en charge du Moyen-Orient, tout deux nommés par Bush, conserveront leur poste.

En revanche, si la continuité est de mise au Pentagone, ce ne sera pas forcément le cas à la CIA et à la Direction du renseignement national. Les actuels titulaires de ces fonctions, Michael Hayden et l’amiral Mike McConnell, ne sont pas en odeur de sainteté auprès des hauts responsables du Parti démocrate, notamment en raison de leur soutien à certaines pratiques approuvées par l’administration Bush, comme les interrogatoires musclés ou les écoutes téléphoniques.

Pour remplacer Michael Hayden, deux noms circulent : celui du sénateur républicain Chuck Hagel et celui de John Brennan, un ancien de la « maison » qui a fait partie de l’équipe d’Obama pendant la campagne électorale. Cependant, dans un courrier adressé à Barack Obama, ce dernier, qui a mis en place le centre national anti-terroriste en 2004, a décliné une éventuelle offre, l’aile gauche du Parti démocrate ne lui pardonnant pas d’avoir été associé à l’administration Bush.

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