Espionnage à la chinoise

Selon les prévisions du rapport « Global Trends 2025 – a Transformated World » publié par le National Intelligence Council, la Chine devrait devenir, dans les 20 prochaines années, la seconde puissance économique mondiale et la première puissance militaire.

Mais pour atteindre ce statut, Pékin doit encore acquérir des compétences et des technologies de pointe qui lui permettront de rivaliser, aussi bien sur le plan militaire qu’économique, avec les autres puissances mondiales, dont celle qui est encore la première aujourd’hui, c’est à dire les Etats-Unis. Pour cela, le renseignement est un des moyens d’y parvenir.

Plusieurs affaires d’espionnage ont émaillé les relations sino-américaines au cours de ces dernières années. En février, quatre personnes, dont trois d’origine chinoise, ont été arrêtées aux Etats-Unis pour avoir communiqué à la Chine des informations classées secret défense. Les documents sensibles concernaient les ventes de matériels militaires américains à Taïwan, la navette spatiale, la fusée Delta IV et l’avion de transport C-17.

L’un des espions présumés, Dongfan Chung, un chinois naturalisé américain de 72 ans, fournissait des secrets industriels de Boeing et de la firme Rockwell à Pékin depuis 1979 et répondait à des demandes ciblées de l’industrie aéronautique chinoise. Le ministre adjoint de la Justice chargé de la sécurité nationale, Kenneth Wainstein, avait alors estimé que l’espionnage « étranger » consituaient « une sérieuse menace dans le monde d’après Guerre Froide. »

La dernière affaire en date concerne Shu Quan-Shang, un physicien américain, là encore d’origine chinoise, de 68 ans. Ce dernier a reconnu devant le tribunal de Norfolk (Virginie), le 17 novembre dernier, avoir transmis à la Chine des documents confidentuels concernant les lancements d’engins spatiaux et plus précisément la conception de moteurs cryogéniques pour les fusées.

Selon le département d’Etat, cet espion, par ailleurs président de la compagnie de haute technologie Amac International, a également admis avoir versé des pots de vins de 190.000 dollars à des responsables chinois au nom d’une entreprise française dont la raison sociale n’a pas été communiquée.

Les autorités chinoises ont bien évidemment réfuté ces révélations. « Cette soi-disant histoire de la Chine dérobant de la technologie spatiale aux Etats-Unis est une pure invention avec des arrières pensées mais elle est condamnée à l’échec », a déclaré Qin Gang, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Ce dernier est de nouveau intervenu, le 22 novembre, pour dénoncer le rapport de la US-China Economic and Security Review Commission portant sur le cyber-espionnage chinois. Là encore, Qin Gang a repris les mêmes termes employés quelques jours plus tôt. « Le rapport ne vaut pas la peine d’être réfuté et les objectifs de la Commission sont vouées à l’échec » a-t-il affirmé, après l’avoir accusée de lancer « des accusations calomnieuses visant à fourvoyer l’opinion publique et faire obstruction aux développement des relations sino-américaines. »

Selon ce rapport remis le 20 novembre au Congrès américain, les capacités d’espionnage informatique de la Chine seraient tellement élaborées qu’elles lui permettraient de s’introduire dans les réseaux informatiques américains afin d’avoir accès à des données confidentielles. Les Chinois auraient une telle avance dans le domaine de la cyber-guerre que les Etats-Unis ne seraient pas en mesure d’y faire face. Cette situation, en cas de conflit, « pourrait amoindrir la prédominance militaire conventionnelle actuelle » des Américains, prévient le document.

La Commission estime que 250 groupes de pirates informatiques chinois sont « tolérés, et même encouragés, par le gouvernement (chinois) pour pénétrer et perturber les réseaux. Elle indique également que Pékin ciblerait « les institutions américaines et les ordinateurs commerciaux. »

Par ailleurs, le rapport épingle les ambitions spatiales chinoises qui n’ont pas forcément que des visées civiles. « Même si quelques programmes spatiaux chinois n’ont pas un but explicitement militaire », explique le document, « beaucoup de systèmes (communications, météorologie, imagerie, navigation) peuvent par nature être duals », c’est à dire qu’ils sont susceptibles d’avoir des applications à la fois civiles et militaires.

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