Une breloque, la médaille militaire?

Un plombier à la retraire a été jugé, le 6 novembre dernier à Evry, pour port illégal de décorations. Ayant effectué son service militaire en tant que fantassin, au Maroc, il prétendait être un ancien parachutiste ayant servi en Algérie et portait ainsi lors des cérémonies commémoratives un béret rouge.

Cela n’aurait pas été le plus grave des mensonges si, dans le même temps, il n’avait pas épinglé sur sa poitrine l’Ordre national du mérite, la Médaille militaire, ainsi que celle de la Valeur militaire. Ces décorations, il les avait achetées dans une boutique spécialisée à Paris, en présentant de faux documents.

Pour défendre le retraité fautif, l’avocat Me Jacques Bourdais a expliqué qu’il s’était retrouvé « pris dans un engrenage » et qu’il s’était « laissé aller à ses bêtises au crépuscule de sa vie. » Cherchant à minimiser l’affaire, le plaideur a estimé que son client a été jugé « parce qu’il a porté quelques breloques » et a raillé ces décorations que l’on remet « à des chanteurs qui chantent faux, à des comédiens qui jouent faux. »

Or, il est plutôt rare que des artistes, de nos jours, soient récompensés par l’attribution de la croix de la valeur militaire et encore moins de la Médaille militaire. Dire que ces décorations ne sont que des « breloques » n’est pas un signe de respect à l’égard de ceux qui les ont méritées en entendant siffler autre chose que des balles de golf.

Et quoi que l’on pense des promotions de la Légion d’honneur et de la valeur que l’on puisse donner à cette distinction, il ne faut pas oublier que cette dernière a été attribuée à des soldats ou à des citoyens ayant servi la France, souvent jusqu’au sacrifice suprême, comme récemment les dix militaires français tués lors de l’embuscade de la vallée d’Uzbeen, en Afghanistan.

Selon la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur, dont dépend la Médaille militaire, l’Ordre national du mérite et bien évidemment la Légion d’honneur, il y a au moins 50 cas par an de port illégal de décorations. Pourtant, les sanctions prévues pour accrocher à son costume une médaille que l’on ne mérite pas sont dissuasives : le fautif pris la main dans le sac risque un an de prison et 15.000 euros d’amende.

Le tribunal d’Evry n’a cependant pas eu la main trop lourde avec le plombier retraité. Bien que le procureur avait requis la privation de ses droits civiques, civils et de famille pour cinq ans, il n’aura été condamné qu’à une amende de 1.200 euros. Avis aux amateurs.

Photo : Société nationale « Les Médaillés militaires »

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