Un appel d’offres sous surveillance

Après le Gripen de Saab, le Rafale est actuellement évalué par Armasuisse, la centrale d’achat de l’armée helvétique. Il s’agit d’une part, de vérifier qu’il correspond bien aux critères définis par les aviateurs suisses et d’autre part d’avoir un aperçu de ses performances ainsi que de son efficacité opérationnelle.

Le Rafale de Dassault Aviation est en lice avec le Gripen et l’Eurofighter pour remporter un appel d’offres qui doit permettre de remplacer les vieux F-5 Tiger, de conception américaine, en service dans l’aviation militaire suisse depuis au moins une trentaine d’années. Pour ce faire, l’armée helvétique dispose d’une enveloppe d’un montant compris entre 1,4 milliard et 1,6 milliards d’euros, ce qui autoriserait l’achat d’une vingtaine de nouveaux appareils.

Pour remporter la partie, les autorités françaises, qui soutiennent les efforts faits pour exporter le Rafale, ont proposé à la Suisse un appareil équivalent « à 98% » à celui qui équipe l’armée française. Selon Alain Le Dortz, de la Direction générale de l’armement (DGA), « la Suisse aura accès à des outils très sensibles en matière de guerre électronique » et il n’y aura « aucune restriction pour l’armement et les transferts de technologie. »

Par ailleurs, il est également proposé à Berne de prendre part aux développements futurs du Rafale, ce qui constituerait un atout industriel important en faveur de la Suisse. « La France offre tout et laisse à la Suisse le choix de son autonomie », a ainsi résumé Alain Le Dortz.

En outre, aviateurs suisse pourraient aussi venir s’entraîner en France et avoir la possibilité de profiter de certaines capacités aériennes françaises, notamment en matière de surveillance aérienne avec les AWACS et de ravitaillement en vol.

Avantage qui pourrait être également déterminant : le Rafale est un avion « silencieux » dans la mesure où il est capable de décoller sans post-combustion. Cet élément est en effet susceptible de peser dans la balance afin de sauvegarder la tranquilité de la population civile résidant autours des aérodromes militaires.

Quoi qu’il en soit, le marché suisse constitue une perspective intéressante pour Dassault Aviation, qui a proposé le Rafale à d’autres pays comme les Emirats arabes unis, le Brésil, l’Inde, la Grèce ou encore la Libye. D’autant plus que cet appel d’offres est suivi de près par le conseiller national UDC Thomas Hurter, qui est aussi le président de la sous-commission chargée des évaluations du remplaçant du F-5.

L’élu suisse s’est en effet intéressé aux relations que certains parlementaires auraient avec les trois avionneurs en course tout en gardant un oeil sur les contrats qu’ils ont passés avec Armasuisse entre 2004 et 2008 pour tenter d’y détecter d’éventuelles irrégularités. Plusieurs soupçons de corruption planent en effet sur des contrats du même genre, notamment en République Tchèque, où des investigations sont en cours et en Autriche, où une enquête parlementaire a été ouverte.

Plus : Le blog Secret Défense, de Jean-Dominique Merchet, a publié une photo d’un Rafale en Suisse

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