Retour à Sper Kunday

Le village afghan de Sper Kunday est devenu connu après l’embuscade en vallée d’Uzbeen où 10 soldats français avaient perdu la vie, les 18 et 19 août derniers. Exactement deux mois plus tard, et selon le communiqué de l’Etat-major des armées (EMA), une nouvelle opération a été menée dans cette localité afin notamment de « priver les insurgés de leur liberté d’action et de les empêcher de s’établir durablement. »

Ce déploiement a impliqué une unité du 203e Corps de l’Armée nationale afghane, soutenue par ses mentors américains, des moyens d’appui aérien, dont une Gazelle Viviane récemment arrivée sur place et surtout un détachement de militaires français du BATFRA du RC-C (Régional Command-Capital) de Kaboul.

Cette opération a également été l’occasion de renouer le contact avec les dirigeants locaux et la population civile en vue du prochain recensement des électeurs qui débutera en novembre prochain dans le district de Surobi mais aussi de récolter des renseignements sur les agissements des insurgés qui, semble-t-il, exercent une pression sur les villageois. Ces derniers ont été interrogés sur leurs besoins afin de préparer de futures missions à caractère civilo-militaire.

Cependant, cette incursion en vallée d’Uzbeen n’a pas été d’un calme absolu. Les troupes afghanes et françaises ont été accrochées par des insurgés qui ont tenté d’attaquer le dispositif à plusieurs reprises. Selon un premier bilan, 7 d’entre eux ont été tués ou blessés, sans compter ceux toucher par les tirs d’appui.

Par ailleurs, le Nouvel Observateur, daté du 16 octobre, a publié un reportage de Sara Daniel, qui a retrouvé les responsables supposés de l’embuscade du mois d’août, après qu’il lui ait été proposé d’acheter des effets ayants appartenus aux soldats français tués dans l’attaque d’Uzbeen alors qu’elle se trouvait au Pakistan.

« Ils habitent de confortables maisons avec leurs femmes et leurs enfants dans le centre embouteillé d’une grande ville proche de la capitale, Islamabad, entre un supermarché et le fast-food d’une célèbre chaîne américaine », écrit Sara Daniel à propos des taliban d’Uzbeen. On est donc loin de l’image de l’insurgé vivant de rapines, sortant de sa grotte pour combattre les troupes de l’ISAF.

L’un des responsable taleb rencontré par la journaliste du Nouvel Observateur est âgé de 25 ans et s’appelle Omar Khattab. Ce serait lui qui aurait coordonné l’attaque contre les militaires français, avec deux autres chefs, le mollah Zabihullah Mujahed de Saroubi et le commandant Farouqi, déjà connu pour ses propos publié par Paris Match.

Omar Khattab a également expliqué comment l’embuscade a été montée. « Nous n’avons eu que deux petites heures pouyr rassembler nos forces! Lorsque j’ai reçu le coup de fil qui me prévenait de la présence de soldats français, j’ai aussitôt appelé les deux autres commandants qui sont arrivés avec leurs hommes de l’autre côté de la montagne. Cela nous a permis de prendre les soldats en tenaille », a-t-il confié à Sara Daniel. Le maintien d’un contact rapproché avec les positions française était délibéré, afin d’éviter les frappes aériennes.

Cette version met à mal celle de Gubbuldin Hekmatyar, le chef du Hezb-e-Islami, qui avait revendiqué l’attaque d’Uzbeen. Pour Omar Khattab, Hekmatyar cherche « à tirer la couverture à lui. » Quoi qu’il en soit, cela démontre que l’existence de dissensions, voire de rivalités, entre les différents groupes d’insurgés et même entre les taliban de l’ancienne et de la nouvelle génération.

Autre révélation faite par Omar Khattab : le soldats français n’ont pas été torturés mais les blessés ont été « achevés ». Le commandant taleb admet avoir tué l’un d’entre eux, à bout portant, parce qu’il s’apprêtait à dégoupiller une grenade.

Enfin, pour franchir la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan (la ligne Durand), Khattab et ses combattants ne passent pas par des sentiers difficiles dans les montagnes mais tout simplement… par le poste-frontière de Torkham. Reste encore à savoir si il a dit la vérité…

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