Les projets nucléaires de la Corée du Nord

Pour la première fois depuis mars dernier, la Corée du Nord a tiré, le 7 octobre, au moins deux missiles de type KN-02 ou Styx de courte portée vers les eaux internationales de la mer Jaune, à proximité des côtes chinoises.

Cette information, révélée par l’agence de presse Yonhap, a été confirmée par un responsable sud-coréen. Selon ce dernier, ces tirs faisaient a priori partie d’exercices militaires de routines menés par l’armée nord-coréenne, qui aurait d’ailleurs préalablement défini une zone interdite aux navires.

Cela étant, ces lancements de missiles surviennent après que Pyongyang ait annoncé son intention de remettre en service de son réacteur nucléaire de Yongbyon, qui avait permis de produire le plutonium nécessaire à son premier essai d’une arme atomique en octobre 2006.

Pourtant, le programme nucléaire nord-coréen avait été suspendu en février 2007 après la signature par Pyongyang d’un accord négocié avec la Corée du Sud, la Chine, le Japon, la Russie et les Etats-Unis. La Corée du Nord s’était alors engagée, à l’époque, de mettre un terme à ses activités nucléaires en échange, notamment d’une aide énergétique et de son retrait de la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme.

Seulement, même si le régime communiste a fourni des informations sur l’état d’avancement de son programme nucléaire tout en s’engageant à démanteler le complexe de Yongbyon, il n’en demeure pas moins que la Corée du Nord est fortement soupçonnée d’avoir aidé Damas à se doter d’installations nucléaires (ce qui a d’ailleurs motivé le raid aérien israélien en Syrie de septembre 2007) et qu’elle ne se plie pas totalement aux exigences en matière d’inspections et de contrôle de son désarmement.

Par conséquent, Pyongyang figure toujours sur la liste noire de Washington et le déplacement du sous-secrétaire d’Etat américain en Corée du Nord, la semaine dernière, en vue de relancer le processus de dénucléarisation, n’a pas donné les résultats escomptés.

En plus de l’annonce de l’arrêt du démantèlement nucléaire nord-coréen, le 25 août dernier, s’ajoute le mystère autour de l’état de santé du maître de Pyongyang, Kim Jong-il. En outre, la semaine dernière, et sur la base d’informations émanant de services de renseignement, la presse asiatique s’est fait l’écho d’un prochain essai d’un missile Taepodong-2, d’une portée de 10.000 km susceptible, théoriquement, d’atteindre la côte pouest américaine. Le dernier test d’un tel engin s’était soldé par un échec en 2006.

Par ailleurs, selon le chef d’état-major sud-coréen, qui s’est exprimé le 8 octobre devant des parlementaires, la Corée du Nord serait également en train de développer « une petite ogive nucléaire pouvant être chargée sur un missile », sans en préciser toutefois le degré d’avancement. Toujours selon les estimations de ce responsable militaire, Pyongyang pourrait en concevoir six ou sept, grâce à une quarantaine de kilos de plutonium.

Enfin, outre les soupçons d’aide à la Syrie pour développer un complexe nucléaire, la Corée du Nord est également accusée de coopérer avec Téhéran en lui fournissant la technologie nécessaire pour adapter des ogives nucléaires sur des missiles longues-portées. Cependant, cette information est à prendre avec précaution, étant donné qu’elle a été donnée par l’opposition iranienne et qu’elle est donc, par définition, partisane. En revanche, le soupçon d’un coup de main donné par Pyongyang aux projets nucléaires de la junte birmane paraît plus crédible. Sauf changement de régime, on est donc encore loin d’en avoir fini avec le programme nucléaire nord-coréen.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]