Les services secrets pakistanais changent de chef

Nommé il y a à peine un an à la tête de l’Inter-Services Intelligence (ISI), le général Nadeem Taj, un fidèle de l’ancien pakistanais Pervez Musharraf, a été remplacé, le 29 septembre, par le général Ahmed Shujaa Pasha, qui occupait auparavant les fonctions de directeur des opérations militaires de l’armée pakistanaise. Il serait un proche du général Ashfaq Kayani, l’actuel chef d’état-major des armées.

Suite à la démission contrainte du général Musharraf de la présidence en août dernier, près de 13 autres changements ont été effectués au sein de l’armée pakistanaise.Selon le général Athar Abbas, le porte-parole des militaires pakistanais, il s’agirait simplement de « mouvements de routine. »

L’ISI passe pour être un véritable Etat dans l’Etat tant ce service s’est impliqué dans les affaires politiques du pays depuis que le Pakistan existe. Placé sous la responsabilité de l’armée, Islamabad en tenté vainement, en juillet dernier, de le placer sous l’autorité du ministère de l’Intérieur.

Le rôle régional de l’ISI est surtout sujet à caution. Au moment de l’intervention soviétique en Afghanistan dans les années 1980, l’Inter-Services Intelligence a collaboré avec la CIA pour apporter une aide aux moudjahidines alors en lutte contre l’armée Rouge.

Seulement, à partir du retrait militaire opéré par Moscou la décennie suivante, les cadres de l’ISI ont activement soutenu les taliban dans leur conquête de l’Afghanistan. Plusieurs raisons peuvent être avancées : la nécessité pour Islamabad de disposer d’une profondeur stratégique face à l’Inde, pays avec lequel le Pakistan a un différend territorial avec le Cachemire, une nécessaire stabilité politique à Kaboul pour sécuriser les voies économiques avec les républiques d’Asie centrale (riches en pétrole) et enfin, un affinité éthnique (et voire religieuse) entre les pachtounes afghans et pakistanais, dont, pour ces derniers, bon nombre sont membres de l’armée et de l’ISI.

Allié traditionnel des Etats-Unis, les choses sont devenues compliquées pour Islamabad après le 11 septembre 2001, l’Afghanistan étant devenu, sous le règne des taliban, un sanctuaire pour Al Qaïda. D’où une certaine schizophrénie pour les services secrets pakistanais, à la fois soupçonnés, quand ils ne sont pas accusés, de soutenir en sous main les taliban contre le gouvernement Karzaï et les forces de l’Otan tout en prenant part également à la « lutte contre le terrorisme. »

Ces accusations de « double-jeu » ne sont pas formulées uniquement par les Etats-Unis, mais aussi par l’Inde et les autorités afghanes. Le chef de l’ISAF, le général David McKiernan, avait déclaré que « l’ISI entretenait un certain niveau de complicité avec les talibans. » Le 10 juin dernier, un rapport de la RAND Corporation avait indiqué que l’ISI avait communiqué des renseignements stratégiques aux taliban afghans. Enfin, aussi bien Kaboul que New Delhi ont accusé Islamabad d’avoir commandité l’attentant contre l’ambassade indienne du 7 juillet dernier.

Cependant, l’ISI a également pris part à la traque des cadres d’Al Qaïda depuis 2001. Des centaines de militants de ce réseau terroriste ont été capturés ou tués. Et cela, sans oublier sa participation dans l’arrestation, en mars 2003, de Khaled Cheikh Mohammed, l’homme qui a avoué être à l’origine des attentants de New York et de Washington.

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