Un amiral fait un reproche au Livre blanc

Après les forces sous-marines et la force océanique stratégique, la force d’action navale (FAN) vient de changer de patron, le 18 septembre dernier. Ainsi, le vice-amiral d’escadre (VAE) Bertrand Aubriot a succédé au VAE Philippe Sautter, qui en était le commandant depuis le 30 septembre 2005.

Mais, avant la cérémonie de passation de commandement à bord du bâtiment de projection et de commandement Mistral, le vice-amiral d’escadre Sautter a accordé un entretien au quotidien Var Matin, l’état-major de la FAN étant situé à Toulon.

A quelques jours de retourner à la vie civile, le VAE Sautter a ainsi livré son sentiment au sujet du Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale, auquel il lui reproche « de ne pas prendre assez en compte la dimension économique de la Marine. » Pour mémoire, le document préconise, entre autre, de réduire les effectifs de 11%, de repousser la construction d’un second porte-avions à 2011-2012, et d’aligner 18 frégates de « premier rang », au lieu de la vingtaine espérée.

Selon le VAE Sautter, la Marine nationale « n’est pourtant pas là que pour défendre la France » car « elle consacre 30% de son activité à la sauvegarde maritime ». « En sécurisant le trafic en mer, en évitant les pollutions majeures, en luttant contre l’immigration clandestine ou en préservant les stocks halieutiques, la Marine contribue de façon très concrète à l’économie nationale », a-t-il avancé. D’autres missions de la Royale peuvent également être citée, comme la lutte contre le piratage, la participation à des expéditions scientifiques ou encore le sauvetage en mer.

Cependant, l’apport de ces missions à l’économie française est difficilement quantifiable, même si « on sait calculer le coût des opérations militaires. » Pourtant, la Marine nationale devra faire autant mais avec moins de moyens. La raison est bien évidemment la contrainte budgétaire qui pèse sur l’ensemble des armées, sur fond de Révision générale des politiques publiques (RGPP).

Pour trouver des sources de financement, le VAE Sautter ne manque pas d’idées. Certaines sont trop révolutionnaires pour avoir une chance d’être reprises, comme par exemple celle consistant à vendre de l’espace publicitaire sur les bases navales. En revanche, étant donné que les bâtiments français payent de plus en plus souvent des taxes lorsqu’ils font escale dans des ports étrangers alors que ce même service est gratuit en France, l’ancien commandant de la FAN suggère dans ce domaine une certaine réciprocité.

Autre piste évoquée par le VAE Sautter, l’adoption du même principe que les Douanes. Ces dernières ont le droit de revendre, à leur profit et non à celui du budget de l’Etat, les marchandises et les biens des fraudeurs qu’elles saisissent. La Marine nationale pourrait bénéficier du même système quand elle effectue des opérations de contrôle et de surveillance des pêches ou bien quand elle arraisonne des bateaux se livrant au trafic de drogue.

Enfin, un autre piste avancée par le VAE Sautter consisterait à faire payer davantage les services à l’export que la Royale rend aux entreprises. Même si elles étaient appliquées, ces mesures ne permettraient sans doute pas à la Marine de financer son second porte-avions ou des frégates supplémentaires. Mais en ces temps de disette budgétaire, elles mettraient certainement un peu de beurre dans les épinards.

Photo : le Vice-amiral d’escadre Sautter (c) Marine Nationale

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