Nouvelle opération des commandos marine contre les pirates somaliens

Le 2 septembre dernier, des pirates somaliens s’en sont pris au « Carré d’As », un bateau de plaisance immatriculé au Venezuela qu’un couple français, Jean-Yves et Bernadette Delanne, convoyait de l’Australie vers le port de La Rochelle. Pris en otage, les deux occupants du voilier ont ensuite pris la route du village côtier d’Eyl, situé à 400 km de Bossasso, la capitale du Puntland, en Somalie.

Si ce scénario fait penser à celui du Ponant, où l’intervention de l’armée française avait permis de libérer l’équipage du bateau, de faire prisonnier une partie des pirates et de récupérer une partie de la rançon qui leur avait été versée, la gestion de l’affaire a été différente. En effet, contrairement à l’opération spectaculaire du 11 avril dernier, les autorités françaises ont cette fois-ci fait le choix de la discrétion et ont misé sur l’effet de surprise.

Dès l’annonce de l’arraisonnement du « Carré d’As » et de la prise en otage de son équipage, l’armée française a annoncé qu’elle était prête à intervenir, grâce à ses moyens déployés notamment à Djibouti et de la présence de la frégate Courbet.

L’ordre d’intervenir et de libérer les deux otages a été donné par le président Sarkozy le 15 septembre, à 21 heures. Il s’agissait alors d’éviter que les pirates puissent rejoindre leur repaire où il aurait été compliqué de monter une opération pour libérer le couple français.

Ainsi, l’assaut du « Carré d’As » a été mené par trente commandos marine auxquels il aura fallu dix minutes aux pour s’emparer du voilier et mettre hors de combat les pirates, dont un a été tué et six faits prisonniers. Ces derniers étaient armés de Kalachnikov et de RPG.

Auparavant, les hommes du Commandement des opérations spéciales (COS) ont pu compter sur l’expertise et les renseignements fournis par la DGSE et surtout, au niveau opérationnel, de l’appui de la frégate Courbet dont l’hélicoptère a permis de localiser la position du voilier. Par ailleurs, deux avions de surveillance maritime de type P-3 Orion, de la marine allemande (Deutsche Marine), ont également été de la partie, ainsi qu’un bâtiment de la marine malaisienne censé accueillir d’éventuels blessés. Près de trois navires de guerre malais sont déployés dans le golfe d’Aden, depuis début septembre, pour lutter justement contre la piraterie.

Selon le président Sarkozy, cette opération est « un avertissement pour tous ceux qui se livrent à cette activité criminelle. » Le chef de l’Etat a également lancé un « appel à la mobilisation de la communauté internationale » pour mettre un terme à ces actes de pirateries. D’après le Bureau maritime internationale (BMI), 24 attaques de ce genre ont eu lieu au large de la Somalie au cours du premier semestre 2008. La semaine dernière, un thonier français a subi sans dommage des tirs de roquettes venant de pirates, à près de 400 nautiques des côtes somaliennes. Pendant l’opération de libération des otages français, un chimiquier de Hong-Kong a été arraisonné par des hommes lourdement armés.

En avril, la France avait proposé de mettre sur pied une « force internationale sous mandat de l’ONU » pour notamment lutter contre la piraterie dans cette région du monde. Pendant l’été, Paris et Madrid ont une nouvelle fois fait la même proposition, les deux pays ayant des pêcheurs opérant dans l’océan Indien. Reste à savoir quels sont les pays prêts à y participer et les moyens qu’ils y consacreront le cas échéant.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]