La Russie signe à son tour le cessez-le-feu

Après avoir reçu la visite de la chancelière allemande, Angela Merkel, le président russe, Dmitri Medvedev, a fini par signer l’accord préliminaire négocié mardi dernier par le président Sarkozy au nom de l’Union européenne. Concrètement, cela signifie qu’après Tbilissi, Moscou accepte à son tour un cessez-le-feu dans le conflit qui l’oppose avec son voisin caucasien au sujet de l’Ossétie du Sud.

Cependant, les troupes russes n’ont pas entamé leur retrait du territoire géorgien, les autorites russes ayant évoqué la nécessité de réunir préalablement des « conditions de sécurité » au sujet desquelles aucun détail n’a été donné. Moscou interprète en sa faveur une des clauses de l’accord préliminaire signé qui lui permet de laisser ses « forces de maintien de la paix » en Ossétie du Sud et à mener des patrouilles dans les zones frontalières. De plus, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, les effectifs de ces « forces de maintien de la paix », qui étaient par ailleurs déjà présentes dans la région séparatiste avant le début des hostilités, n’ont pas de « plafond ».

Or, cette question de la présence des forces russes en Géorgie est « essentielle », a estimé, dans les colonnes du Journal du Dimanche, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchher. Ce dernier juge même inquiétait que ce retrait ne soit « pas encore amorcé. » « Les Russes ne sont peut-être pas en train d’honorer leur parole » a pour sa part jugé son homologue américaine, Condoleeza Rice.

En effet, bien que Moscou ait signé l’accord de cessez-le-feu, les militaires russes ont donné l’impression de consolider leurs positions en territoire géorgien. Si elles ont quitté le centre-ville d’Igoeti, située à 50 km de Tbilissi, les troupes russes se sont déplacées sur les hauteurs proches de cette géorgienne, où elles ont mis en place des systèmes de défense et creusé des trous individuels.

Plus près de Tbilissi encore, c’est à dire à 35 km, des soldats russes se sont déployés autour de Kaspi, où ils auraient « saboté » un pont ferroviaire, selon une chaîne de télévision géorgienne, ce qui a été démenti par Moscou.

L’ambassadeur de France en Géorgie, Eric Fournier, a constaté, samedi, que les soldats russes étaient toujours présents à Gori, alors que selon les engagements pris, ils auraient dû quitter la ville le 16 au matin. Par ailleurs, le diplomate français a décrit sur les ondes de France Info les conditions de vie de ce qui reste de la population civile. « Des femmes, avec des enfants, n’ont plus presque plus rien à manger », a-t-il affirmé. De plus, les maisons sont visitées la nuit par des pillards qui volent tout ce qui leut tombe sous la main.

A l’ouest de la Géorgie, les Russes contrôlent toujours Sennaki, et par conséquent l’accès de la ville portuaire de Poti, située sur la mer Noire. Selon l’Associated Press, les troupes russes y ont même été renforcées avec l’apport de moyens d’artillerie.

Sur le plan diplomatique, Paris a rappelé Moscou à ses engagements, en précisant une nouvelle fois que l’accord préliminaire stipule que les troupes russes doivent se retirer des centres urbains géorgiens et revenir aux positions qui étaient les leurs avant la contre-offensive lancée contre l’armée géorgienne.

Quant à l’avenir de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, le président américain George W. Bush a estimé que des deux provinces séparatistes devaient « continuer à faire partie de la Géorgie. » Bien évidemment, ce n’est pas l’avis du Kremlin, qui a indiqué vouloir soutenir les aspirations indépendantistes de ces deux territoires, à l’instar de ce qu’ont récemment fait la plupart des pays occidentaux à l’égard de l’ancienne province serbe du Kosovo.

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