L’UE favorable à une mission en Géorgie

Alors en déplacement, mercredi 13 août, à Bruxelles, le ministre géorgien des Affaires étrangères, Eka Tkechelachvili, a demandé à l’Europe de « s’engager physiquement sur le terrain et arrête ce qui se passe. » « Nous faisons partie de l’Europe et c’est une partie de l’Europe qui est agressée en ce moment », a-t-elle affirmée.

Le message a bien été reçu par ses collègues de l’Union européenne, qui, réunis au lendemain de la médiation du président français Nicolas Sarkozy entre la Russie et la Géorgie pour faire cesser les hostilités, ont adopté une déclaration ouvrant la voie à une éventuelle mission européenne en Géorgie.

Ainsi, selon le document, « l’Union doit être prête à s’engager, y compris sur le terrain » afin d’encourager les efforts pour une « solution pacifique et durable des conflits en Géorgie. » Par ailleurs, les ministres ont estimé qu’il était « crucial » de renforcer rapidement « les moyens d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur le terrain en raison de « l’urgence absolue » est de mettre un terme aux combats et par la même aux « souffrances. »

Pour autant, les modalités de cette mission ne sont pas encore arrêtées et la Commission européenne, ainsi que Javier Solana, le secrétaire général du Conseil de l’Union/Haut représentat pour le PESC, ont été chargés de ce dossier.

La veille, le président Français, qui est également à la tête de l’UE jusqu’en janvier prochain, avait évoqué l’éventuel envoi dans la région de troupes européennes en tant que « forces de paix », à condition que cela soit souhaité par « les différents acteurs. » Cette proposition a vite été écartée, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, préférant parler de « contrôleurs, de moniteurs, de facilitateurs. » Même son de cloche du côté de Javier Solana, pour qui il faut « des gens pour constater que le cessez-le-feu est maintenu. « A terme, il pourrait y avoir besoin d’autre chose, mais cela nécessiterait une résolution du Conseil de sécurité. »

Si les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne se sont mis d’accord sur une déclaration commune, certains d’entre eux auraient sans doute souhaité un texte plus critique à l’égard de la Russie. Tel est le cas, notamment, du secrétaire du Foreign Office britannique, David Miliband. Avant de rejoindre ses collègues, ce dernier a estimé que la question pour l’UE était de savoir si il fallait « aller de l’avant dans le partenariat avec la Russie » qui, selon lui, s’est montrée « agressive » et « qui a choqué beaucoup de monde. »

La Pologne, de même que les pays baltes, se retrouvent également sur la même ligne que le Royaume Uni. Pour le ministre lituanien, Petras Vaitekunas, Moscou « doit subir les conséquences de ses actes », ce qui pourrait signifier la remise en cause de certains partenariats et des facilités pour la délivance de visas aux citoyens russes.

En raison de sa dépendance énergétique à l’égard de Moscou, l’Union européenne doit trouver le bon équilibre pour éviter de braquer la Russie sans pour autant la ménager. Enfin, l’envoi d’une mission européenne en Géorgie serait une manière d’avoir un peu plus d’influence dans cette zone stratégique qu’est le Caucase. Seulement, il n’est pas certain que les Russes puissent l’accepter, déjà qu’ils ne voient pas d’un très bon oeil la présence américaine dans la région.

Cela étant, la proposition d’envoyer des observateurs en Géorgie devra être soumise au Conseil de sécurité de l’ONU où la Russie dispose d’un droit de veto au titre de membre permanent.

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