La Géorgie appelle au cessez-le-feu

Après avoir donné l’assaut, le 8 août, contre la province séparatiste d’Ossétie du Sud, la Géorgie a annoncé, dimanche, le retrait de ses troupes en raison de la vigueur de la contre-offensive menée par les forces russes envoyées dans la région. Les autorités de Tbilissi ont par ailleurs indiqué être disposées à négocier immédiatement afin qu’un cessez-le-feu soit conclu avec Moscou.

« Il ne faut pas seulement des déclarations de volonté politique, mais aussi des faits de la part des Géorgiens », a répondu la Russie par le voix de général Anatoli Nogovitsyne, le chef adjoint d’état-major des forces armées russes, lors d’une conférence de presse. Selon lui, « la plus grande partie » de la capitale de l’Ossétie du Sud, Tskhinvali, serait contrôlée par les troupes russes mais au moins 7.400 soldats géorgiens , avec une centaine de chars et de pièces d’artillerie, seraient toujours déployés dans les environs. Enfin, le général Nogovitsyne a assuré que la Russie n’avait pas reçu de proposition de cessez-le-feu de la part de Tbilissi.

Dans le même temps, à New York, l’ambassadeur russe auprès des Nations unies, Vitaly Chourkine, a indiqué que Moscou était « prêt à mettre fin à la guerre », mais à l’instar du général Nogovitsyne, il a contesté la réalité du repli des troupes géorgiennes sur le terrain. Cela étant, le sous-secrétaire général de l’ONU en charge des Affaires politiques, Lynne Pascoe, a bel et bien confirmé la volonté de Tbilissi de commencer des « pourpalers immédiats avec la Fédération russe. »

De son côté, Moscou a intensifié ses opérations militaires dans la zone de conflit. Tbilissi a même parlé « d’invasion » et de « bombardements intenses » de l’aviation russe qui a visé non seulement des objectifs « stratégiques et militaires » mais également « économiques et civils ». Ainsi, une usine aéronautique située à proximité de la capitale géorgienne a été la cible de raids, de même que la ville de Gori, où des immeubles d’habitation ont été touchés, le port de Poti, sur la Mer Noire, et l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan.

Plusieurs bâtiments de la flotte russe de la Mer Noire ont également fait mouvement vers les côtes géorgiennes afin d’y mener un blocus maritime visant à empêcher toute livraison d’armes à Tbilissi. Selon l’agence ITAR-Tass, la marine russe aurait coulé un navire de guerre géorgien alors que ce dernier tentait une attaque.

Par ailleurs, selon les estimations du gouvernement géorgien, 6.000 soldats russes auraient été envoyés en renfort en Ossétie du Sud et 4.000 autres en Abkhazie, l’autre région séparatiste proche de Moscou qui a annoncé, dimanche, qu’elle était en « état de guerre ». Les forces aériennes russes ont continué à bombarder les gorges de Kodori, un territoire abkhaze sous contrôle géorgien et on visé la ville frontalière de Zougdidi.

Quant aux pertes des deux camps, les chiffres avancés sont contradictoires. Ainsi, le président géorgien, Mikheïl Saakachvili a avancé, lundi matin, qu’entre « 80 et 90 » avions russes avaient été abattus et a parlé de « plusieurs centaines de soldats russes tué ». De son côté, Moscou a confirmé avoir perdu quatre appareils et donné le bilan de 18 tués et 52 blessés. D’après le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassinne, les pertes civiles en Ossétie du Sud seraient de 2.000 morts, qui seraient « dans leur écrasante majorité des citoyens russes », mais ce chiffre n’a pas pu être confirmé par une source indépendante. Selon l’ambassadeur russe auprès de l’OTAN, Dimitri Rogozine, Tskhinvali aurait été détruite à 98%. Enfin, 40.000 personnes ont été fuit les lieux des combats a estimé la Croix Rouge internationale.

Au niveau diplomatique, le secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer s’en est pris à la Russie en dénonçant la violation par cette dernière de « l’intégrité territoriale » de la Géorgie et l’usage « disproportionné » de la force. Il a également demanté aux belligérants de cesser les combats, à l’instar de la France qui a assume actuellement la présidence de l’Union européenne. Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, et le président finlandais de l’OSCE, Alexander Stubb, sont arrivés, dimanche soir, dans la région afin de proposer un plan de « sortie de crise ».

Aux Nations unies, le ton est monté entre les Américaines et les Russes, les premiers accusant les seconds de vouloir renverser le président géorgien qui a le défaut aux yeux de Moscou d’être pro-occidental et de vouloir faire adhérer son pays à l’OTAN. Or, pour la Russie, la perspective d’avoir des bases de l’Alliance atlantique à ses frontières est inacceptable.

Au cours d’une quatrième réunion du Conseil de sécurité consacrée à l’affrontement entre la Russie et la Géorgie, le représentant de Moscou, Vitali Tchourkin, a réitéré les accusations de génocide contre la Géorgie et a avancé, une nouvelle fois, que l’intervention militaire russe n’était qu’un acte de « légitime défense ». Si Tbilissi peut compter sur le soutien de la plupart des pays membres du Conseil, il semblerait toutefois que la Chine et l’Afrique du Sud aient pris le parti de Moscou dans cette affaire.

Cela étant, les Etats-Unis ont l’intention de déposer un projet de résolution qui appelerait non seulement à un cessez-le-feu tout en réaffirmant la souveraineté de la Géorgie mais aussi à une condamnation de l’action russe. Etant donné que la Russie dipose du droit de veto en raison de sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité, ce texte n’aura guère de chance d’être approuvé.

Crédits photos : Char de combat géorgien (c) www.tvsakartvelo.ge

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