L’Abkhazie ouvre un second front

Alors que les Etats-Unis, l’Union européenne, la Chine, l’OSCE et l’OTAN ont demandé vendredi aux parties belligérantes de mettre un terme aux hostilités, la capitale de l’Ossétie du Sud, Tskhinvali, était toujours disputée, le lendemain, entre les forces géorgiennes et russes. Tbilissi a même parlé de « combats acharnés » pour le contrôle de la ville où Moscou a envoyé de nombreux renforts.

Pourtant, le président géorgien, Mikheil Saakachvili avait annoncé lors d’une allocation télévisée, vendredi soir, que la majeure partie de l’Ossétie du Sud et de la capitale était aux mains des forces géorgiennes. Cela étant, cette version a été contestée par les séparatistes ossètes, qui ont assuré, au contraire, que les troupes géorgiennes avaient commencé à se retirer et que « des véhicules blindés russes avaient pénétré dans les faubourgs nord de Tskhinvali. »

Quoi qu’il en soit, les combats se sont poursuivis samedi soir et si l’on en croit le ministre géorgien de l’Intérieur, les hauteurs de la ville seraient toujours sous le contrôle de Tbilissi. Les combats auraient coûté la vie à au moins 150 personnes, dont 40 civils, du côté géorgien. Pour les Ossètes, ce chiffre s’éleverait à 1.400 tués, selon le président séparatiste Edouard Kokoïty.

Par ailleurs, le conflit s’est étendu à l’Abkhazie, l’autre république séparatiste soutenue par Mouscou. La seule partie de son territoire contrôlé par Tblilissi, à savoir les gorges de Kodori, a été bombardée par les aviateurs russes. Le président Abkhaze, Sergueï Bagapch, a déclaré que ses troupes aériennes et terrestres avaient attaqué les forces géorgiennes déployées dans ce secteur.

L’aviation russe a également mené des raids vers des cibles « stratégiques, économiques, civils et militaires ». Ainsi, le ports de Poti, sur la Mer noire, a été touché, de même que des installations militaires et des immeubles d’habitation de la ville de Gori. Par ailleurs, il semblerait que la Géorgie soit également victime d’attaques informatiques par déni de service, comme l’a été l’Estonie en mai 2007. Plusieurs serveurs gouvernementaux étaient ainsi inaccessibles samedi matin.

La Géorgie a par ailleurs dénoncé une « invasion russe » et les « bombardements intenses » dont elle est la cible et a lancé un appel à l’aide à la communauté internationale.

Sur le front diplomatique, l’Azerbaïdjan a annoncé la suspension de ses exportations de pétrole via les oléaoducs qui traversent le territoire géorgien et qui arrivent aux ports de Koulevi et Batoumi, Bakou comptant écouler sa production de brut vers le port russe de Novorossiïrk.

Pour le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, qui a qualifié l’offensive géorgienne sur l’Ossétie du Sud de « criminelle », Tbilissi a perdu toute chance d’exercer un jour sa souverenaité sur cette région. « Un coup mortel a été porté à l’intégrité territoriale de la Géorgie (…) Il est difficile de s’imaginer comment il serait possible après tout ce qui s’est passé (…) de convaincre l’Ossétie du Sud de faire partie de l’Etat géorgien » a-t-il déclaré à Vladikavkaz, une ville russe frontalière avec la zone de conflit. Cela étant, et vu la situation antérieure, il est difficile de croire que Vladimir Poutine puisse regretter sincérement l’Ossétie du Sud quitter définitivement le giron de Tbilissi.

Par ailleurs, le président Saakachvili a proposé un cessez-le-feu à la Russie si cette dernière mettait un terme à ses attaques d’objectifs situés en territoire géorgien. « Nous sommes prêts à cesser le feu immédiatement si l’autre partie cesse de tirer et de bombarder », a-t-il ainsi déclaré à l’antenne de la chaîne américaine CNN.

Pour qu’elle accepte cette proposition, la Russie a exigé que la Géorgie opère un « retrait de ses formations armées de la zone de conflit. »

La France, qui assume la présidence tournante de l’Union européenne, a proposé un plan à trois points pour sortir de la crise : la cessation immadiate des hostilités, le plein respect de l’intégrité territoriale de la Géorgie et enfin, le retour à la situation antérieure sur le terrain. Une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union devrait être organisée la semaine prochaine et le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, se rendra dans la région afin d’y soumettre le plan français.

Par ailleurs, la poursuite des opérations militaires de Moscou contre la Géorgie « affecterait » ses relations avec l’Union européenne, ont fait valoir les 27. Parmi les pays membres de l’UE, la Pologne, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie ont dénoncé la « politique impérialiste » de la Russie et ont demandé une condamnation de la part de l’UE et de l’OTAN.

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