Fin de cavale pour Karadzic

La rumeur le disait mort, caché dans un monastère orthodoxe ou encore passé sous le scalpel d’un chirurgien esthétique. Finalement, c’est à Belgrade que Radovan Karadzic, l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie a fini par être arrêté, lundi 21 juillet au soir, après treize ans de cavale. Psychiatre de formation, il exerçait en fait – et sous une fausse identité – les médecines douces pour le compte d’une clinique privée de la capitale serbe.

Accusé de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité pour avoir planifié l’épuration ethnique et le massacre – notamment celui de Srebrenica en juillet 1995 – de musulmans et de Croates en Bosnie par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye, Karadzic a pu compter sur le manque de volonté politique de la part de Belgrade pour échaper à la justice internationale. En effet, même si le fugitif avait changé son apparence d’apparatchik en celle d’un ermite, il est peu probable que les services secrets serbes, ceux-là mêmes qui l’ont arrêté, n’aient pas été au courant de sa présence à Belgrade.

Karadzic n’a pas manqué de soutiens, grâce à sa popularité parmi les milieux nationalistes serbes. L’ancien procureur du TPIY, Carla Del Ponte, avait déclaré dans les colonnes du Monde que « Boris Eltsine avait dit personnellement à Jacques Chirac de ne pas arrêter Karadzic car, sinon, les Russes interviendraient. » De plus, les forces de l’Otan déployées en Bosnie ont également fait l’objet de critiques concernant non seulement leur façon de mener la traque de Karadzic mais aussi celles des criminels de guerre de la région. D’ailleurs, Paris avait été accusé par le procureur du TPI de ne pas s’impliquer suffisamment dans la recherche des bourreaux serbes jusqu’à l’arrestation par les troupes françaises, en avril 2000, de Momcilo Krajisnik, l’ancien bras droit de Karadzic.

Quoi qu’il en soit, le transfert de Karadzic au Tribunal pénal international est un pas de plus de la Serbie vers une éventuelle adhésion à l’Union européenne, l’arrestation des criminels de guerre serbes étant une condition préalable, posée notamment par les Pays-Bas. Cependant, les autorités de Belgrade doivent encore mettre la main sur l’exécuteur des basses oeuvres de Karazdic, le général Ratko Mladic, le chef militaire des Serbes de Bosnie de 1992 à 1995 et sur Goran Hadzic, l’ancien président de la République des Serbes de la Krajina (Croatie). Le premier aurait bénéficié de soutiens au sein de l’armée serbe.

Le bilan de la guerre Bosnie et de « l’épuration éthnique » est de 100.000 à 260.000 tués et de 1,8 millions de personnes déplacés.

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