L’Iran montre ses muscles

Le 9 juillet, les gardiens de la Révolution (pasdaran), considérés comme l’élite de l’armée iranienne, ont procédé à des tirs d’essai de neuf missiles longue et moyenne portée dans le golfe Persique, dont un Shahab-3 pouvant atteindre Israël, voire la partie orientale de l’Europe, au cours de manoeuvres appelées « Grand Prohète 3 ».

Le lendemain, les pasdarans ont de nouveau lancé d’autres missiles et testé une torpille de type Hoot (baleine), dérivée du modèle VA-11 Shkval russe. « Au troisième jour des manoeuvres du Grand Prophète dans le Golfe persique, les évènements les plus importants ont été des tirs de missiles sol-mer et sol-sol ainsi que des missiles mer-sol » a ainsi affirmé la télévision iranienne.

Au vu du contexte actuel, c’est surtout le lancement d’un missile balistique « Shahab-3 » qui est le plus préoccupant. Ce dernier a été conçu à partir du Nodong-1 nord-coréen, lui-même développé grâce à un transfert de technologie venant de l’ancienne Union soviétique. Sa portée est suffisante pour frapper des cibles situés en Israël ou encore les bases américaines implantées dans le golfe. Le dernier essai de ce type de missile remonte à novembre 2006.

Selon les médias iraniens, le Shahab-3 a emporté une charge conventionnelle d’une tonne, susceptible d’atteindre « des bases militaires, des lieux de regroupement des soldats et des navires ennemis. » Or, il se trouve que les Américains et les Britanniques viennent de terminer un entraînement visant à protéger les installations pétrolières du golfe persique.

« Nos missiles sont prêts à être lancés n’importe où, n’importe quand, vite et avec précision » a déclaré de son côté Hussein Salami, le commandant des forces aériennes des Gardiens de la révolution. « L’ennemi ne doit pas répéter ses erreurs. Ses cibles sont sous notre surveillance » a-t-il averti.

Même si ce genre d’essai demande quelques semaines, voire quelques mois, de préparation, les déclarations sur la capacité iranienne « à mettre le feu à Tel-Aviv » de l’hodjatoleslam (Autorité sur l’Islam) Ali Shirazi, le représentant du guide suprême Ali Khamenei pour les forces navales des pasdarans, lui a donné les apparences d’un message politique à l’intention d’Israël et de ses alliées, notamment les Etats-Unis. « Le régime sioniste fait pression actuellement sur les dirigeants de la Maison Blanche pour préparer une attaque contre l’Iran. S’ils commettent une telle stupidité, la première réponse de l’Iran sera de mettre le feu à Tel-Aviv et à la flotte américaine dans le golfe Persique. »

En juin dernier, l’armée de l’air israélienne avait organisé un exercice de grande ampleur laissant penser une répétition d’une attaque pouvant viser les sites nucléaires iraniens. L’occasion faisant le larron, Téhéran profite donc de ce test de missile pour avertir l’Etat hébreu des conséquences qu’il pourrait subir au cas où il déciderait de lancer une opération militaire contre l’Iran. Israël n’a en effet pas écarté cette option, tout comme Washington d’ailleurs, dans le cas où Téhéran serait sur le point de mettre au point des armes nucléaires.

Or, pour y arriver, l’Iran a besoin d’enrichir de l’uranium enrichi et ne compte pas mettre un terme à cette activité, comme le lui ont encore demandé les chefs d’Etat et de gouvernement du G8 réunis au Japon. Pour Rassoul Movahedian, l’ambassadeur iranien au Royaume-Uni, les Occidentaux « perdent leur temps » sur cette question. Le haut représentant pour la Politique étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne (PESC), Javier Solana, devrait évoquer de nouveau cette question si jamais il se rend à Téhéran le 19 juillet prochain.

Quoi qu’il en soit, ces essais de missiles iraniens ont été l’objet de vives réprobations, notamment de la part des Etats-Unis. « La production de missiles balistiques par l’Iran constitue une violation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et est totalement incompatible avec les obligations de l’Iran » a ainsi déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, Gordon Johndroe. Pour la secrétaire d’Etat, Condoleeza Rice, « c’est la preuve que la menace d’un missile iranien n’est pas le fruit de l’imagination. »

Cela étant, et même si le président Ahmadinejad ne croit pas à une possible attaque américaine ou israélienne, les gardiens de la Révolution s’y préparent. Leur nouveau chef, le général Mohammed Ali Jafari, nommé en juin, compte les réorganiser prochainement en 31 centres de commandement autonomes et les renforcer par l’apport du corps des bassidj, c’est à dire les miliciens islamiques qui seraient plusieurs millions.

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