La France s’implique dans les combats opposant Djibouti et l’Erythrée

Les relations entre Djibouti et l’Erythrée se sont dégradées depuis le 16 avril dernier, des soldats érythréen ayant fait une incursion vers Ras Doumeira, une zone stratégique djiboutienne située sur le détroit de Bal el Mandeb, entre la mer Rouge et la mer d’Oman. Depuis, Djibouti accuse l’Erythrée de construire des défenses sur son territoire, provoquant ainsi une crise diplomatique entre les deux pays.

La tension est montée d’un cran mardi dernier avec un sévère accrochage entre les forces djiboutiennes à celles de l’Erythrée, toujours à Ras Doumeira. Selon le haut commandement militaire djiboutien, les combats auraient fait 9 morts dans ses rangs. Quant aux Erythréens, ils n’ont fourni aucun bilan de leurs pertes.

Cet incident frontalier a valu à Asmara une condamnation de la part du Conseil de sécurité des nations unies qui « appelle les deux parties à s’engager à un cessez-le-feu et les exhorte, en particulier l’Erythrée, à faire preuve d’un maximum de retenue et à ramener leurs forces à leurs positions d’avant l’incident. » Les membres de la Ligue arabe, réunis en urgence, ont également demandé la même chose à Asmara.

Pour sa part, Djibouti a accusé l’Erythrée d’avoir une « attitude belliqueuse » et des « intentions malveillantes » visant à une « destabilisation de la République de Djibouti et (…) de toute la région de la Corne de l’Afrique. Cela dit, les accusations djiboutiennes ne sont pas sans fondement : selon Washington, Asmara soutiendrait les islamistes somaliens en lutte contre les militaires éthiopiens en Somalie pour aider le gouvernement fédéral de transition de Mogadiscio. De son côté, l’Erythrée s’est dit victime d’une « campagne anti-érythréenne ».

Dans ce différend opposant les deux pays, Paris a assuré Djibouti de son « soutien plein et entier. » La France, qui dispose sur le sol djiboutien de sa plus grande base militaire à l’étranger avec près de 2.900 soldats, va fournir des renseignements militaires ainsi qu’une aide logistique et médicale aux forces djiboutiennes.

« Nous avons monté dans le nord de Djibouti, en retrait des zones de combats, une base logistique avancée qui fournit du carburant, des vivres et des moyens de transport au profit des forces djiboutiennes », a indiqué le capitaine de vaisseau Christophe Prazuck à l’AFP, qui a par ailleurs précisé qu’ « une grosse centaine de soldats pris sur les effectifs de la base de Djibouti y sont affectés tandis qu’une force terrestre de combat, également issue de la garnison française, se tient prête à intervenir si nécessaire. »

Même si aucun engagement direct des forces françaises dans les combats n’est pour l’instant prévu, l’éventualité d’une participation française aux combats n’est pas exclue si la situation venait à se dégrader davantage, la France étant liée à Djibouti par des accords de défense.

Des moyens navals et de surveillance aérienne supplémentaires vont être également déployés par la France. Ainsi, la frégate Surcouf devrait rejoindre Djibouti pendant que le BPC Mistral et l’aviso Jacoubet se tiennent prêts à faire mouvement dans la région. Une équipe médicale française doit également renforcer le personnel de l’hôpital militaire français Bouffard de Djibouti.

Pour mémoire, l’Erythrée et Djibouti se sont déjà affrontés à deux reprises, en 1996 et 1999 au sujet de Ras Doumeira. L’armée érythréenne est forte de 200.000 hommes alors que les forces djiboutiennes ne comptent seulement que 11.000 militaires. Par ailleurs, Djibouti compte deux bases étrangères sur son sol. Outre la garnison française, le pays accueille également des unités américaines.

 

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]